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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 01:58

Voici le texte d’un Prêtre américain racontant sa première expérience de Messe ad orientem. Il a aimé, mais comme vous allez le voir, le ton est assez désabusé.

http://img165.imageshack.us/img165/8729/priestscommunionillustrup4.jpg

Par l’Abbé Richard Simon, curé de la Paroisse St. Lambert de Skokie, Illinois, USA

Traduction Louis Marie.

 

Dimanche dernier, en clôture d’une conférence sur les Pères de l’Église, j’ai dit la Messe, le Novus Ordo, en anglais. Il n’y avait aucune différence avec les autres Messes Novus Ordo, exceptée une.

A partir de l’offertoire, pendant le Canon et jusqu’au Notre Père inclus, j’étais face à l’Autel et non face à l’assemblée. Au début de la Messe, j’ai célébré le rit d’ouverture de la célébration depuis la banquette, où je suis resté pendant les lectures. Après le Credo et la prière universelle, je suis allé recevoir les offrandes de pain et de vin, puis je suis monté à l’Autel sans tourner autour. Le diacre et moi-même nous nous sommes tournés vers l’assemblée : « Prions… ». Je me suis encore retourné vers elle lors du signe de paix et à « Seigneur je ne suis pas digne… ». Après avoir distribuée la Sainte Communion, je suis retourné à la banquette et la Messe s’est terminée comme à l’habitude. La musique était très simple, il s’agissait surtout de plain-chant en anglais, et de l’ordinaire en latin. Les lectures et toutes les prières étaient en anglais.

J’avais prévenu la communauté que je ne ferais cela qu’une seule fois, en  raison de la conférence que nous recevions dans la paroisse. Je n’étais pas tourné vers l’assemblée environ 15 minutes sur une heure.

Si je l’ai fait, c’était pour l’expérience. Je pense que les Pères du Concile Vatican II n’avaient jamais envisagé la Messe face au peuple, et donc je voulais voir ce que la Messe de Vatican II était vraiment, avec du latin, de l’anglais, du chant grégorien, du plain-chant vernaculaire, et une alternance entre le versus populum lorsqu’on s’adresse à l’assemblée, et l’ad orientem lorsqu’on s’adresse à Dieu. Il me semble que les rubriques du Missel demandent cela lorsqu’elles indiquent que le Prêtre doit faire face au peuple six fois pendant la Messe (présentation générale du Missel Romain) :

1)      Lors du rit d’ouverture de la célébration

2)      En invitant à la prière après l’offertoire : « Prions… »

3)      En donnant le geste de paix

4)      En élevant l’Hostie et le Calice à « Voici l’Agneau de Dieu… »

5)      En invitant à la Prière juste avant la postcommunion

6)      En bénissant à la fin de la Messe

Le simple fait que ces rubriques existent nous pousse à croire que le Prêtre doit cesser de faire face au peuple à certains moments dans la liturgie.

http://blog.adw.org/wp-content/uploads/2009/05/elevation-of-host.jpg

Après la Messe, les commentaires étaient variés. Certaines personnes avaient aimé, la  plupart non, quelques uns étaient furieux. L’une de mes ouailles me chapitra sévèrement l’index pointé vers mon visage, soutenant que « le Pape a ordonné à tous les Prêtres de dire la Messe face au peuple ! ». Comment pourrait-il prouver quelque chose qui n’a jamais eu lieu ? Rome ne s’est jamais exprimée sur l’obligation de faire face à l’assemblée. On ne doit le faire que six fois pendant la Messe. C’est d’ailleurs l’un des grands mystères de notre temps que la raison pour laquelle la plupart des Autels dans les églises Catholiques ont été retournés.

Pour les partisans de la Messe versus populum, comme Balthasar Fischer, les premiers Chrétiens auraient célébré la Messe le Prêtre faisant face aux fidèles. Pour le dictionnaire d’Oxford des Églises Chrétiennes, la coutume de faire face à l’Autel serait apparue entre le VII et le VIIIe S. au sein du clergé Franc. J’aimerais savoir pourquoi les auteurs ont écrit cela.

Pour deux raisons, je doute fortement que la Messe n’ait jamais été célébrée entièrement tournée vers les fidèles.

Faire face à l’Est, ce qui généralement signifie ne pas faire face au peuple, est la posture unanime dans les Liturgies des traditions Byzantine, Syriaque, Copte, Éthiopienne… Cela est toujours la coutume dans les Liturgies des Églises Orientales, au moins lors du Canon. Elles célèbrent comme cela depuis des temps immémoriaux, et encore de même aujourd’hui. Elles n’auraient jamais décidé de  changer leur tradition pour s’accorder avec des barbares Francs d’Occident, 700 ans après le Christ. On peut donc dire que cette coutume de se tourner, clergé comme assemblée, dans la même direction dans la prière était la norme universelle avant 1967.

De plus, les premiers Chrétiens auraient encore été culturellement Juifs pendant au moins 100 ans après le Christ, en tout cas selon le sociologue Rodney Stark. S’orienter vers une direction sacrée, et non vers les fidèles était normal lors des cérémonies dans les synagogues, à partir desquelles la Messe s’est construite. Les Juifs Orthodoxes se tournent encore aujourd’hui vers l’Est, plus précisément vers Jérusalem pendant la plus grande partie du service religieux. C’est une position naturelle.

http://www.reinodavirgem.com.br/assets/images/missatridentina2.jpgCependant,  j’aurais préféré ne pas avoir célébré la Messe ad orientem, mais pas du tout en raison de la colère de certain fidèles (étant Prêtre Catholique, je suis habitué à l’hostilité des gens envers moi). J’aurais préféré ne pas avoir dit la Messe dans la posture que je pense être celle prescrite par les Pères du Concile Vatican II, parce que cela a été une des plus belles expériences de ma vie sacerdotale. Personne ne peut imaginer ce que c’est que de dire « nous », et « notre Père » en se tenant à la tête d’un assemblée toute entière tournée vers la même direction, dans une expression physique d’unité. Malgré tout ce qui est dit sur le sujet, il est impossible de dire « nous » en regardant 500 personnes sans leur parler, à elles.

La Messe est une louange divine adressée à Dieu, et malgré toutes nos bonnes intentions, nous autres ecclésiastique nous nous adressons à ceux que nous regardons. On ne peut rien y faire, le visage humain est  une chose trop attirante. Et c’est seulement Dimanche dernier que j’ai réalisé à quel point je faisais partie d’une famille dans la foi, d’une Église en prière. Je n’avais en effet jamais réalisé auparavant à quel point c’était être esseulé que de dire la Messe face au peuple : « Je suis là haut, je vous regarde, je ne fais pas partie de vous ». Et là, soudain, pour un quart d’heure, « vous ne me regardiez plus. Nous regardions ensemble Dieu ».

 

J’aime la Messe Tridentine, aussi appelée maintenant Forme Extraordinaire. Le Saint-Père a fait preuve d’une grande sagesse en lui permettant de revivre pour ceux à qui elle tient à cœur. Son magnifique sens de la solennité renferme une dimension essentielle du Mystère de la louange divine. Ayant enseigné le latin durant 25 ans, je comprends parfaitement ses rubriques complexes, qui me sont très parlantes. Pourtant,  je ne pense pas que nous devrions retourner à l’usage exclusif du latin : les Pères Conciliaires ont eu raison de simplifier la Messe.

Le Saint Esprit anticipant les difficultés des temps présent, la simplification du rituel complexe de la Messe Tridentine est parfaitement appropriée à notre époque. Dans la même optique, il doit y avoir un équilibre entre la langue commune et la langue sacrée : les gens prient tout d’abord dans leur propre langage, et il faut se souvenir que le latin était le vernaculaire quand la Messe était en grec.

Cela dit, nous autres ecclésiastiques devrions admettre que nous avons fait s’encroûter les abus liturgiques, un des principaux éléments de la rébellion contre la Tradition. Nous sommes restés coincés dans les années 60 et sommes incapable de contempler sans préjugés l’hémorragie de nos communautés. Nous avons totalement échoué à leur inspirer le sens du sacré et du sublime, ce qui fait qu’une génération entière a été perdue à Dieu.

 

Je sais très bien que la plupart des membres de ma paroisse seraient énervés si je commençais à célébrer en direction de l’Autel régulièrement, tout simplement parce qu’ils n’y sont pas habitués. Je serais accusé de faire partie d’une faction traditionaliste ou d’un autre crime du même type.  Désormais, à chaque fois que je dirais la Messe en fixant les fidèles, et qu’eux me fixeront en entendant la Messe, je penserai à ce qu’aurait du, ce qu’aurait pu être la Messe. Je crains fort d’être autant un acteur qu’un Prêtre. Je préférerais n’être qu’un Prêtre, mais le spectacle doit continuer (the show must go on).

 

http://lh4.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S3RTIPEv_II/AAAAAAAAApM/4QAnvtLl0Yg/s1024/Mass-09.jpg

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 21:39

N'est-ce pas ce qu'est cette belle et évocatrice photo? Il s'agit du confessional d'une église de Riga (Lettonie).

 

une-invitation.jpg

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 14:47
Saint Josémaria, priez pour nous.

http://lh3.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S3RSq1EPhnI/AAAAAAAAAmo/LuF93MyNXVM/s1024/ChristusRex-judge.jpg
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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 15:17

Avant-hier, le Parlement régional de l’oblast de Kaliningrad (ancienne Prusse Orientale) a finalisé le don de 15 bâtiments, d’anciennes églises confisquées par l’État communiste, à l’Église Orthodoxe Russe. Quoi de mal ? Eh bien, ces églises n’ont jamais été Orthodoxes, il s’agit d’anciens bâtiments Luthériens et Catholiques. L’injustice est criante, d’autant que les Catholiques de Prusse Orientale demandaient leurs bâtiments depuis plus de 20 ans, sans recevoir satisfaction. Il a pourtant suffit que les lobbyistes orthodoxes s’activent quelques mois pour que ces bâtiments, dont le gouvernement régional prétendait avoir bien trop besoin pour les rendre à l’Église Catholique, soient donnés aux Pravoslaves sans consultation d’aucune sorte avec les propriétaires originaux. L’église qui manifeste le plus cette injustice est la grande et belle église de la Sainte Famille de Kaliningrad, actuellement salle de concert.

Bien évidemment, tout ce pataquès a entrainé l’indignation de Mgr. Pavel Pezzi, Archevêque latin de Moscou qui va saisir tous les moyens dont il dispose pour faire annuler cette Loi régionale, mais sans la certitude d’être entendu.

S.E. Mgr. Pezzi, l’église de la Sainte Famille, le Patriarche Cyrille :

http://presbyter.ru/wp-content/uploads/2010/11/kaliningrad.jpg

Ce fait, anecdotique, mais arrivant à la suite d’autres témoigne de la malveillance des Orthodoxes envers les Catholiques, alors même qu’ils prétendent vouloir s’unir avec nous contre les idées néfastes du Monde. Il est également l’occasion de soumettre à mon lectorat cet article écrit le 28 Mai 2010, sous une forme étendue et mise à jour :

 

Les turpitudes de l’Église Orthodoxe envers les Catholiques

Au moment où de nombreux Anglicans vont entrer en pleine communion avec l’Église Catholique, nous ne pouvons que nous étonner, et ce légitimement que ce soit une communauté ecclésiale issue de la Réforme protestante qui soit la première « Église » séparée à faire ce geste historique au XXIe S. On se serait plutôt attendu à ce que ce soit les Orthodoxes, avec qui nous partageons les vrais Sacrements, et non pas des groupes ayant perdu depuis plus de 400 ans toute succession apostolique.

Cela est dû à une fausse appréciation de la réalité de la démarche des Églises Orthodoxes. Si de notre point de vue la fin du schisme de 1054 est proche, c’est parce que l’Église Catholique est tout à fait prête à y mettre fin. Ce n’est malheureusement pas le cas en face. Il ne faut pas s’abuser, les ouvertures de la part des Orthodoxes (on peut aussi les appeler Pravoslaves) sont minimes et souvent compensées par un abus envers les Catholiques dans un autre domaine.

Malgré l’élection d’un nouveau Patriarche à sa tête, et ce qui semble être une nouvelle ligne d’ouverture à Rome en paroles, l’Église Orthodoxe Russe est toujours en actes le porte drapeau de l’anticatholicisme oriental.


En effet, elle ne supporte pas la présence de l'importante minorité Catholique (qui dans les régions les plus occidentales sont en majorité) d'Ukraine et de Biélorussie. Pour l’anecdote, il y a quelques mois le Patriarcat de Moscou a déclaré qu'il était "inconvenant" que le Saint-Père se rende en Ukraine pour fêter le 600e anniversaire de l'érection de l'archidiocèse de Lviv des Latins (il y a aussi Lviv des Grecs).
La cathédrale latine de Lviv:
http://www.russia-ukraine-travel.com/image-files/lviv-latin-cathedral.jpg
C’est sans compter le dossier des églises Gréco-Catholiques confisquées par Staline, remises à l'Église Orthodoxe et jamais rendue aujourd'hui, l'absence totale de regret en ce qui concerne la collaboration complète des Orthodoxes dans l'éradication programmée des Églises Gréco-Catholiques de Biélorussie, de Russie (éradication réussie, il n'y a plus aucune éparchie ni exarchat de rite oriental en Biélorussie et en Russie) et en Ukraine (éradication "ratée", Dieu merci).

L'Église Orthodoxe russe a une relation particulière à la terre, elle considère (un peu comme l'islam de son côté, étonnement) qu'il y a une "terre d'Orthodoxie" (Idéalement toute l'ex-URSS) dont tous les habitants doivent être littéralement sous sa coupe, sans choix religieux possible, y compris pour ceux d'origine étrangère. C'était le métropolite de Mourmansk qui expliquait impavidement à Mgr. Pavel Pezzi, Archevêque de Moscou, que les Catholiques de la ville, ayant toute son attention spirituelle, n'avaient pas besoin de construire une église, mais devraient plutôt se joindre à leurs "frères" Orthodoxes à la Divine Liturgie du coin!
Plus concrètement, ce métropolite fraternel est très suspecté d'être intervenu auprès de la municipalité de Mourmansk pour faire cesser les travaux de l'église Catholique, et, n'y arrivant pas (elle était quasiment terminée), faire déclarer le bâtiment propriété de la municipalité, la communauté devant pour avoir le droit d'utiliser son bâtiment s'engager dans des procès sans fin.
L'église Catholique de Mourmansk:
http://2.bp.blogspot.com/_UE1HZJqmZ3o/RvNVI9YhBpI/AAAAAAAAAKs/hkruwZINh-A/s320/DSCN1406.JPG
On peut suspecter le Patriarche Cyrille, quoiqu'ouvert à Rome, de soutenir cette vision des choses, en allant, par exemple, célébrer le service religieux d'inauguration du mandat du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, en refusant comme son prédécesseur toute autonomie à l'Église Orthodoxe Russe en Estonie (dont une partie a déjà fait schisme) et toute possibilité d'utiliser un estonien littéraire en lieu et place du slavon dans la liturgie. Les exemples d’abus et de persécutions résultant de l’impérialisme territorial de l’Église Orthodoxe Russe, non seulement envers les autres Églises Chrétiennes, mais aussi envers d’autres juridictions Orthodoxes sont légions.
Le Patriarche Cyrille et le président ukrainien Ianoukovitch:
http://orthodoxie.typepad.com/.a/6a00d83451c30d69e201310f3dda4e970c-320wi
De même, l'Église Pravoslave Russe attachée à toute terre soi-disant "russe" (vieux proverbe russe: "partout où l'homme russe a mis le pied, la terre est russe"), est également attachée à l'État russe dans un érastianisme assez malsain; le temps est revenu avec Poutine des églises où la rumeur publique dit qu'il ne faut pas se confesser, le Prêtre local "confessant les confessions" au FSB (remplaçant du KGB). La consultation de l’Église majoritaire dans un pays aux affaires de l’État n’est pas forcément une mauvaise chose, mais quand l’État ne peut rien refuser à une Église déterminée à s’imposer par la force aux minorités religieuses du pays, cela ne va plus. Le puissant lobby Orthodoxe, que ce soit en Russie ou ailleurs a rencontré beaucoup de succès, toutes ses revendication légitimes ayant été satisfaites, il se tourne maintenant vers d’autres revendication de nature à affaiblir l’égalité entre les citoyens des différentes religions.
Le Patriarche Cyrille avec Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine:
http://www.rfi.fr/actufr/images/108/patriarche_poutine_medvedev432.jpg
Il faut mentionner, sans toutefois tomber dans le poncif léniniste, le réel obscurantisme de l'Église Orthodoxe, où dans certains courants influents la théologie serait tout simplement un mal et un péché, car cela consisterait à vouloir connaitre l'inconnaissable, et que nous devrions nous en tenir strictement en matière de connaissance de Dieu à ce que Lui-même nous a révélé par la Bible. De plus, il n'y a pas eu de "Concile de Trente Orthodoxe", et l'expression de la Foi reste donc assez floue (l'Église Orthodoxe n'a jamais définie aucune vérité de Foi sur le purgatoire, n'a jamais, contrairement à nous avec St Thomas d'Aquin, précisée sa doctrine de la Présence Réelle, par exemple...). Il n’y a aucun outil équivalent au Catéchisme de l’Église Catholique, c'est-à-dire accessible par le plus grand nombre. On trouve des traités de théologie, mais le quidam doit forcément aller voir un Prêtre s’il a une question sur sa Foi. C’est idiot, car le fait que les vérités de Fois ne soient pas mises à la disposition du fidèle de base empêche au mieux celui-ci de grandir spirituellement autant qu’il le pourrait, au pire le rend très réceptif au prosélytisme protestant.

Enfin, il y a l'attachement forcené au "qui cum patre procedit", le filioque étant toujours appelé l'"erreur romaine", et le Pape, souvent considéré comme l'antéchrist, comme un Père Abbé du Mont-Athos l'a encore récemment déclaré. Dans ce contexte, évoquer une possible acceptation de la primauté pontificale est tout simplement grotesque, malgré tout les documents qui pourraient fuiter du Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens, malgré tous les accords sur ce que le statut de la Papauté était au premier millénaire.

 

Pour résumer, le grand problème du dialogue actuel Catholiques-Orthodoxes (qui peut le faire ressembler à un dialogue de sourds) est le manque de réciprocité. L’Église Catholique adopte une attitude ouverte et amicale que les communautés Orthodoxes sont incapables ne serait-ce que d’accueillir, sans parler de reproduire. Les exemples sont légion, qu’il s’agisse de la tolérance de l’autre Église sur son territoire traditionnel, de la reconnaissance mutuelle des sacrements (les Orthodoxes rebaptisent parfois les Catholique, au mépris non seulement de notre Église, mais aussi du sacrement donné par le Christ), de la reconnaissance de la pureté de la doctrine (si nous reconnaissons les Orthodoxes comme croyant les mêmes Vérité que nous, eux nous considèrent comme hétérodoxes, schismatiques et hérétiques), et même simplement des petits gestes d’ouverture : le métropolite Hilarion de Volokolamsk a au mois de Juin effectué un voyage en Italie où il a pu célébrer la Messe selon son rite sur les Autels majeurs de plusieurs églises importantes, comme St Apollinaire de Ravenne. Il est tout à fait illusoire d’espérer le même genre de gestes à l’égard d’Évêques-diplomates Catholiques que ce soit en Russie, en Grèce ou ailleurs.

Je suis le premier à lutter contre la tyrannie de la repentance, mais si l'Église Orthodoxe est toujours intolérante à ce point et ne reconnait pas ses fautes passées (fautes issues comme chacun le sait du la désunion d'avec le trône de Pierre, source de tous maux dans les Églises locales tombées dans le schisme), malgré toute la bonne volonté du Pape, ce seront les laïcs et les ecclésiastiques Catholiques de base en Ukraine, Biélorussie et Russie qui REFUSERONT d'entrer en communion avec ces Orthodoxes qui encore aujourd'hui détiennent leurs églises et veulent les voir disparaitre du pays. Bien loin de vouloir s'unir avec les Orthodoxes, les Catholiques ukrainiens soutiennent à 100% la volonté très clairement exprimée de Sa Béatitude Mgr. Lubomyr Husar, Archevêque Majeur de Kiev et Primat des Gréco-Catholiques d'Ukraine de se faire proclamer "Patriarche de Kiev et de Galicie" par le Pape (le déménagement déjà accompli du siège archiépiscopal majeur de Lviv à Kiev devant préparer cet évènement de nature à couper toute relations avec les Orthodoxes pour une bonne dizaine d'années si elle intervenait). Il pourrait d'ailleurs finir par se proclamer tel lui-même, ayant une certaine habitude de désobéissance: il avait en effet été à l'époque consacré Évêque par Sa Béatitude Mgr. Slippyi pour le service des ukrainiens d'Amérique contre la volonté du Pape Paul VI.
Sa Béatitude Mgr. Husar:
http://www.walter-wawruck.com/Hubbard/CardinalHusar.jpg
Il ne faut donc pas se voiler la face (ce serait peu Chrétien), il reste beaucoup de chemin à faire vers la communion complète. De plus, cette exaltation alors qu'un rapprochement a lieu pourrait nous inciter à cesser (nous l'avons déjà en grande partie fait) de montrer aux Orthodoxes quelles sont leurs erreurs, et que le chemin de l'unité passe par la tolérance du Catholicisme sur le terrain et l'acceptation de la Vérité proclamée par Rome dans de nombreux point théologique. Un peu d’humilité, de cette belle humilité que témoigne notre Pape Benoît XVI, je vous prie, Messeigneurs les Patriarches et Métropolites Orthodoxes !

 

http://lh4.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S3RSiFmz_JI/AAAAAAAAAmA/nwil2ivqWXM/Benedicamus-3..jpg

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 21:01

Elle peut avoir une certaine beauté austère:

Ugis Praulins, Sanctus extrait de la Missa Rigensis, Maitrise de Garçons de la Cathédrale de Riga, direction Martins Klisans.

http://lh3.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S3RTu7ajZ5I/AAAAAAAAAtA/OUWSfMXfiQc/s512/clerics.jpg
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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 13:31

Par Billy Wunner pour CNN, traduction Louis-Marie

 

http://www.eglise-orthodoxe.be/Z-Oecumenisch%20Patriarchaat/Patr.%20Bartholomeos.jpg

 

Le Patriarche Œcuménique Bartolomé, 270e Patriarche de Constantinople, est le successeur direct de Saint André. Premier parmi ses pairs, il est à la tête des Églises Orthodoxes comptant 250 millions de fidèles dans le monde. Mais peu se trouvent dans le pays où il réside, la Turquie.

« Nous sommes une petite communauté Chrétienne, nous avons souffert des confrontations gréco-turques et d’un manque de confiance en nous-mêmes. C’est pour ça que nous avons perdu la plupart de nos ouailles » se lamente le Patriarche.

La communauté grecque de Turquie, autrefois florissante, est en train de s’étioler rapidement. Le pays est en effet très majoritairement musulman, et le gouvernement laïc a de mauvaises relations avec le Patriarcat. Si les lois turques, la démographie et certaines attitudes ne changent pas, Bartolomé pourrait être le dernier Patriarche de Constantinople.

« Nous ne sommes pas désespérés par les menaces sur le futur de l’Église. Ce futur ne sera pas facile, mais il n’est pas impossible » déclare Bartolomé Ier.

Le gouvernement turc peut mettre son véto à l’élection de tout candidat au Patriarcat. En effet, pour y accéder il faut être de nationalité turque, ce qu’est Bartolomé Ier, mais pas ceux qui seraient le mieux à même de lui succéder. Le gouvernement turc a proposé d’offrir cette nationalité à des Archevêques Orthodoxes étrangers. À la suite de cette offre, plusieurs se sont porté candidats, mais finalement aucun n’a été naturalisé.

Le gouvernement refuse également de reconnaître la fonction de Patriarche Œcuménique, comme son rôle de primat des Église Orthodoxes. Officiellement, il n’est qu’un Évêque local, dirigeant une communauté en voie de disparition de quelques milliers d’Orthodoxes grecs.

Yorgos Stephanopoulos est l’un d’entre eux : « Nous étions une minorité en Turquie, nous sommes maintenant une curiosité ».

Stephanopoulos est l’un des représentants de la communauté grecque d’Istanbul. Il y a un demi-siècle, ils étaient plus de 100 000. Aujourd’hui, ils sont probablement moins de 3000.

Pour lui, ce déclin n’est pas naturel. Il blâme en effet le gouvernement turc d’avoir depuis des décennies visé les grecs avec des politiques d’homogénéisation ethnique, comme des taxes particulières, des saisies de propriétés, et des campagnes promouvant la langue turque comme seul moyen d’expression en public. Il y eut même un pogrom en 1955, avec des émeutes anti-grecques, violences évidemment organisées par les autorités.

Le résultat est que les grecs ont quittés Istanbul. Pour Stephanopoulos, « le gouvernement turc a réussi ce que l’on peut appeler un nettoyage ethnique sans effusion de sang ». Aujourd’hui, le gouvernement turc prétend que ces évènements relèvent d’un lointain passé, et qu’il recherche la réconciliation.

D’après Egemen Bagis, ministre des affaires européennes, « La Turquie traverse une période de transition. Elle se mue en une société de plus en plus démocratique, prospère et transparente ».

Cependant, l’État n’a jamais autorisé la réouverture du principal séminaire du Patriarcat. Depuis des siècles, le séminaire de Halki avait été l’alma mater des futurs Évêques Grecs-Orthodoxes, jusqu’à ce que la cour suprême ordonne sa fermeture en 1971. Il est depuis vide, au grand désespoir de ses anciens élèves, comme le théologien Satirios Varnalidis.

« Nous voulons rouvrir ce séminaire, de façon à fournir de nouveaux Prêtres au Patriarcat Œcuménique. Sans cela, notre petite communauté finira par ne plus en avoir » nous dit Varnalidis.

Depuis de nombreuses années le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a évoqué la réouverture du séminaire, et le ministre Bagis insiste sur le fait que le gouvernement travaille sur cette hypothèse.

Malgré ce sombre tableau général, le Patriarche Bartolomé tient à souligner certains signes positifs pouvant faire espérer la survie de son Église. « Nous avons beaucoup de jeunes gens de Grèce venant s’installer ici, nous dit-il. Le courant d’immigration a changé de sens ».

Haris Rigas fait partie de ces jeunes immigrants, qui sont le plus grand espoir de la communauté grecque d’Istanbul. Pour lui « Dès ma première minute ici, je suis tombé amoureux de cette ville et je me suis dit que je devais y vivre ».

Rigas a étudié la communauté grecque locale, et il est musicien de rembetiko, un type de musique traditionnelle et populaire. Il pense que « le seul moyen de survie de la communauté grecque est d’atteindre un certain degré de visibilité. Nous avons joué un rôle majeur dans cette ville pendant des siècles, et nous devrions continuer ».

En Septembre, un pas vers la réconciliation entre le gouvernement turc et le Patriarcat a été fait : Des milliers d’Orthodoxes ont assisté le 15 Août à une Divine Liturgie célébrée par leur Patriarche au monastère de Sumela, au bord de la mer Noire. C’était la première fois qu’un culte Chrétien était célébré en ce lieu depuis plus de 80 ans.

Mais même si de nouveaux arrivants fortifient la communauté grecque d’Istanbul, beaucoup craignent que le Patriarcat disparaisse bientôt, cela à cause des chiffres et de l’hostilité à peine déguisée du gouvernement turc.

Pourtant, le Patriarche Bartolomé refuse cette possibilité : « Ce n’est pas possible. Nous faisons confiance à la Providence Divine, et à l’assurance que Notre Seigneur Lui-même nous a donné que l’Église survivra. C’est notre Foi, notre conviction, notre espoir, nos prières. Tout le reste, nous le laissons dans les mains de Dieu. »

 

Le Patriarche visite l'ex-île grecque d'Imbros

http://lh4.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S3RTNAJ3-eI/AAAAAAAAAps/CbwITcxCE10/s1024/OmniSancti-bot.jpg

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 20:35
Saint Josémaria nous parle du travail. Nous aurons la joie de l'avoir sur ce modeste blogue une fois la semaine.
Saint Josémaria, priez pour nous.
http://www.catholique-chinois.fr/images/vie_jesus/vignette/Joseph_atelier.jpg
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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 13:34

http://3.bp.blogspot.com/_Noz6LLRH0_g/SwGJYKj3RhI/AAAAAAAABy8/rmbK3be6ZTI/s400/Mons_Bartolucci.jpg

Mgr. Domenico Bartolucci, maitre de chapelle émérite de la chapelle Sixtine va être créé cardinal le 20 Novembre 2010. C’est une très bonne nouvelle, car ce digne prélat est un très grand musicien, directeur et compositeur de renom, et également un grand intellectuel. De plus, c’est une figure qui a connu tous les états de l’Église dans les dernières décennies : pensez qu’il à été nommé à la Sixtine par le Pape Pie XII en 1956 ! Quelques jours après l’annonce de la nomination de M. Massimo Palombella (que Sandro Magister tient pour mauvais musicien), successeur de Mgr. Giuseppe Liberto, lui-même successeur de Mgr. Bartolucci, cela peut être perçu comme une directive subtile donnée par le Pape en matière de musique sacrée. En effet, rendre cet honneur à l’ancien maitre de chapelle, c’est non seulement un acte d’amitié, de cette amitié qui a depuis longtemps unis Mgr. Bartolucci et le Cardinal Ratzinger, puis Benoît XVI, mais aussi une prise de position en faveur de la vision claire et sans concession du nouveau cardinal de la position de la musique dans l’Église d’aujourd’hui.

Rappelons-nous du discours du Saint-Père en 2006, à l’issue d’un concert dirigé par Mgr. Bartolucci :

 

« Les divers morceaux que nous venons d'entendre qui constituent un ensemble entre le XVI et le XX siècle, confirment la conviction selon laquelle la polyphonie religieuse, et celle de l'École Romaine tout particulièrement, sont un héritage à conserver avec soin, à faire vivre et à diffuser au bénéfice de la communauté ecclésiale toute entière et non des seuls chercheurs et amateurs. Il s'agit en effet d'un patrimoine spirituel, artistique et culturel d'une valeur inestimable.
Un aggiornamento authentique de la musique liturgique ne peut avoir lieu que dans le sillage de la grande tradition du passé, du chant grégorien et de la polyphonie sacrée, a encore affirmé le pape Benoît XVI. Dans ce sens, selon lui, la communauté a toujours promu et soutenu ceux qui recherchent des nouvelles voies expressives sans renier le passé, l'histoire de l'esprit humain qui est celle de son dialogue avec Dieu.

Enfin, Benoît XVI a souligné que Mgr.Bartolucci (89 ans) a sans cesse cherché à mettre en valeur le chant liturgique, y compris comme véhicule d'évangélisation. Par le biais d’innombrables concerts de par le monde, la chapelle musicale pontificale, dirigée par le Maestro, a coopéré par le langage universel qu'est l'art à la mission même des Papes, qui est de diffuser le message chrétien. Et la Sixtine continue cette œuvre sous la direction de Mgr.Giusppe Liberto ».

 

Je vous renvoie également vers ce très instructif entretien publié sur le blogue Disputationes Theologicae.

http://harmoniaevocis.interfree.it/images/Bartcorochiaro.jpg

De la très belle musique:

 

Domenico Bartolucci, O Sacrum Convium, Maitrise de la Chapelle Sixtine, dirigée par Mgr. Giuseppe Liberto:

 

Domenico Bartolucci, Ego dilecte me, Maitrise de la Chapelle Sixtine dirigée par Mgr. Marco Pavan:

Domenico Bartolucci, Ave Maria, dirigé par le compositeur: 
Domenico Bartolucci, Jubilate Deo, Orchestre et Choeur Rossini de Pesaro, dirigés par Simone Baiocchi:

 

http://uvcarmel.files.wordpress.com/2009/08/bartolucci1.jpg?w=274&h=400

Multo annos à Mgr. Bartolucci !

 

http://lh3.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S7Ye9w8J3VI/AAAAAAAABQE/-5RknoompYQ/benedicamus.JPG

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 21:50

Люблю Тебе (Lyublyu tebe): "Je t'aime". Trio de séminaristes gréco-Catholiques ukrainiens.

http://lh3.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S3RSwU2BSCI/AAAAAAAAAnE/f37bY8busMM/s912/Trinity-8.jpg
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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 15:51

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/clark_guizhou.jpg

Par Anthony Clark, traduction Louis-Marie.

 

Aux XIXe S, d’intrépides missionnaires français des Missions Étrangères de Paris évangélisèrent la province méridionale du Guizhou, qui compta plus tard de nombreux Martyrs. A une heure de la capitale provinciale, Guiyang, se trouvent les tombes de quatre Saints chinois décapités en 1861 lors des persécutions des empereurs Qing.

Malgré ces nombreuses épreuves, l’Église a continué depuis trois siècles à propager l’Évangile dans le Guizhou, où elle est florissante.

 

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/guizhou_map.gif

 

J’ai eu l’honneur d’obtenir trois audiences avec les trois Évêques de Guiyang lors de mon séjour de trois jours. Le premier que j’ai rencontré est l’Évêque officiel, Son Excellence Mgr. Anicet Wang Chongyi, 90 ans. Le second est Son Excellence Mgr. Augustin Hu Daguo, l’Évêque clandestin, 80 ans avec lequel j’eu un entretien privé. Enfin, le troisième fut Son Excellence Mgr. Paul Xiao Zejiang, jeune et récemment sacré, destiné à leur succéder. La situation des ouailles des trois Évêques est compliquée, mais ils la contrebalancent par une grande piété.

 

Lorsque les Catholiques étrangers imaginent la situation en Chine, ils se figurent une Église officielle surveillée à chaque instant par l’Association Catholique Patriotique, et tout à fait indépendante de Rome. Et dans leur vision, le clergé de l’Église clandestine fuie sans cesse le gouvernement, et ses fidèles pratiquent en secret dans des lieux discrets. En réalité, c’est une image d’Épinal. Dans la plupart des cas, les communautés appartenant aux Églises officielle ou clandestine ne sont guère différentes.

 

A Guiyang, l’Évêque « clandestin » vit de fait au palais épiscopal avec les deux autres reconnus par l’Association Patriotique. Les Évêques en communion avec le Saint-Père sont communément connus des fidèles, et lorsque c’est le cas, l’appartenance à l’Église patriotique ou souterraine importe peu.

Cependant les conditions d’exercice de l’apostolat diffèrent, les autorités persécutant les membres de l’Église clandestine, et leurs Évêques étant souvent arrêtés et maltraités. L’Évêque clandestin de Guiyang doit garder profil bas pour éviter cela. Bien que Mgr. Hu vive avec les autres Évêques, il doit transporter dans sa poche son anneau épiscopal, présent du Pape Jean-Paul II.

 

Ma première audience me fut accordée par Mgr. Anicet Wang Chongyi, un homme chaleureux et accueillant ordonné Prêtre en 1949. Nous avons pu parler en toute franchise dans une pièce fermée. Mgr. Wang me relata les persécutions menées à partir de 1949 (fondation de la République Populaire). Le nouveau gouvernement voyait toutes les religions comme des superstitions, et a donc tenté de les éradiquer. Ce fut une époque de grands dangers et de grandes souffrances pour les Chrétiens. Les Évêques et les Prêtres furent forcés de retourner à l’état laïc, et durant la Révolution Culturelle (1966-76) toutes les personnes consacrées furent arrêtées, ordonnées d’apostasier, et souvent battues à mort. La Chine compte beaucoup de Saints qui moururent pour le Christ au cours de l’ère maoïste, mais ils sont désormais oubliés du monde car personne ne se souvient d’eux.

Mgr. Wang, à l’époque Prêtre, fut lui aussi arrêté et il lui fut intimé de renoncer à sa Foi. Refusant cela, il fut condamné aux travaux forcés. Il décrivit cette période comme étant pleine de souffrances extrêmes, et m’informa de ce qu’il connaissant personnellement beaucoup de Prêtres qui furent arrêtés, torturés et assassinés car refusant d’apostasier.

Pratiquer le Catholicisme pendant la période maoïste signifiait mettre sa vie en danger, et d’après Mgr. Wang : « Vous pouviez chercher partout et regarder avec une attention extrême, il était impossible de trouver ne serait-ce qu’un Catholique. Notre Foi était dissimulée dans nos cœurs, absolument invisible de l’extérieur. Durant des décennies, pas une Messe ne fut célébrée, pas un sacrement ne fut dispensé au grand jour en Chine. Les gens pensaient que l’Église était totalement détruite, et qu’elle n’existait plus. » L’Église fut spoliée par le gouvernement de tous ses biens, détruits ou assignés à d’autres usages.

 

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/bishopwangchongyi.jpg

Mgr. Wang prêchant en la cathédrale de Guiyang.

 

La belle cathédrale de Guiyang fut terriblement maltraitée, sa tour guillotinée ne fut reconstruite qu’en 1982. « Les choses allèrent mieux pour l’Église en 1982, lorsque Deng Xiaoping prit le contrôle de l’État ». Mgr. Wang me dit que Deng promouvait la tolérance religieuse, bien que cela ne signifie pas une totale liberté pour les Catholiques. C’est en 1980 que l’autorisation d’exercer son culte fut rendue à l’Église, mais l’Association Patriotique surveille encore sourcilleusement le clergé.

 

La raison d’être de l’Association Catholique Patriotique est de maintenir l’Église en Chine séparée du Pape, et il fut interdit aux prêtres de mentionner le nom du Pape à la Messe ou dans quelqu’autre contexte. Les Évêques devaient être choisis « par le peuple », c'est-à-dire par le parti. « Bien que nous ayons été séparés du Saint-Père par le gouvernement, nous sommes restés unis à lui dans nos cœurs. Nous aurions été arrêtés et emprisonnés si nous avions mentionné le nom du Pape lors de la Messe. Au moment du cum famulo tuo Papa nostro, nous nous taisions donc, mentionnant le nom du Pape dans nos cœurs. Nous somme restés fidèles au Pape. » Concernant le choix des Évêques, Mgr. Wang me raconta que « Dans la plupart des cas, lorsque l’Association Patriotique propose l’onction épiscopale à un Prêtre que ses dirigeants ont choisi, celui-ci tente par divers de moyen de savoir si le Pape approuve ce choix, et si c’est le cas, le Prêtre en question accepte d’être sacré. Mais si Rome désapprouve, il décline alors. » Il y eut malgré tout des Prêtres pour accepter ce choix sans l’aval de Rome. Cependant, la communion avec le Pape est nécessaire pour se faire accepter des fidèles.

 

Au-delà des difficultés de l’exercice de responsabilités pastorales en Chine communiste, Mgr. Wang m’a assuré que la vie spirituelle des Catholiques chinois est pieuse, et de plus en plus libre des interventions du gouvernement. Il mit fin à cet entretien en me remettant un message écrit à faire parvenir au Saint-Père et me donnant sa bénédiction.

En sortant du salon de l’Évêque, je réalisai que pendant tout l’entretien l’Abbé Ma, directeur de la section locale de l’Association Patriotique, s’était tenu dans la pièce contigüe. Il y a plus de liberté qu’avant, mais l’œil du gouvernement reste fixé sur l’Église Catholique.

 

Le lendemain L’Abbé Liu, un Prêtre du diocèse, me fit rencontrer l’un des hommes les plus saints que j’aie jamais vu, l’Évêque clandestin Mgr. Augustin Hu Daguo. Lorsqu’on le rencontre pour la première fois, le regard ne peut qu’être attiré par le recroquevillement de son petit corps, et sa difficulté à se déplacer. J’appris plus tard que ses problèmes de santés étaient les séquelles de ses années d’emprisonnement et de torture dans les geôles socialistes. Mgr. Hu est communément appelé « le troisième Évêque de Guiyang », car, bien qu’il soit Évêque, l’annuaire officiel du diocèse ne le classe que comme Prêtre.

 

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/aclark_hudaguo.jpg

Le Dr. Clark et Mgr. Hu.

 

Lorsque nous sommes entrés dans son humble chambre il était assis sur sa chaise et les premiers mots qu’il prononça furent « Grâces soient rendues à Dieu ». Il se mouvait doucement et ponctuait son discours de deux phrases, « Grâces soient rendues à Dieu » et «  Je suis profondément reconnaissant au Seigneur pour Son aide ». Alors que je questionnais Mgr. Hu à propos de sa vie de Prêtre de l’Église clandestine, et même lorsque nous parlions de ses années de prison et des tortures qu’il a enduré, il souriait, riait, et remerciait Dieu pour Son aide. Il était entré au séminaire dans les années 40, et fut ordonné Prêtre en 1950. Durant la Révolution Culturelle, il fut arrêté par 300 gardes rouges et humilié devant une foule immense. Un long bonnet de papier blanc fut placé sur sa tête, il fut battu, et il lui fut ordonné d’apostasier, ce qu’il refusa. Il fut ensuite emprisonné.

 

Mgr. Hu me raconta ses années d’emprisonnement sans une nuance d’amertume ou de regret. Il demeura en prison pendant plus de 20 ans, privé des Sacrements et de tout objet de piété. Il utilisait ses doigts pour prier le chapelet, et resta fidèle au Pape malgré toutes les pressions qui furent exercées sur lui. Il y eu quatre méthodes employées dans le but de le faire quitter la foi. Premièrement, il eut à endurer des leçons quotidiennes de pensée marxiste : « ils utilisèrent ce moyen pour tenter de me laver le cerveau ». Deuxièmement, les autorités embauchèrent une jolie jeune femme et tentèrent de forcer l’Abbé Hu à l’épouser. Troisièmement ils lui offrirent un travail honorable et très bien payé, et quatrièmement, il fut battu et maltraité, ce qui le laissa pratiquement paralysé des jambes et causa ce recroquevillement de son corps. Aucune de ces méthodes ne porta de fruits. Lorsque je dis à Mgr. Hu que je l’admirais pour tout son courage, il me rétorqua qu’il fallait « admirer Dieu » et non lui-même.

 

Après avoir parlé de la vie de Mgr. Hu sous la Révolution Culturelle, nous abordâmes sa situation actuelle d’Évêque clandestin. J’appris que si plus d’un petit nombre de personnes lui rendent visite, ou s’il attire l’attention, la police vient et le maltraite. De fait, l’Abbé Liu me raconta les visites de la police chez l’Évêque. Mgr. Hu mit fin à l’entretien sur des remarques à propos du communisme : il me fit remarquer que le parti est mauvais par nature, et qu’il n’y a aucune place pour de l’optimisme concernant les relations entre lui et l’Église. Il est clair que ce commentaire signifiait que l’Association Catholique Patriotique a une influence corruptrice sur l’Église en Chine.

 

A la fin de notre entretien Mgr. Hu demanda son étole, une vieille étole usée à la couleur violette passée, l’embrassa et la plaça sur ses épaules. Nous nous sommes agenouillés pour recevoir sa bénédiction, puis il demanda à l’Abbé Liu sa bénédiction en s’agenouillant humblement devant le jeune Prêtre.

 

Lors de mon dernier jour à Guiyang j’ai pu obtenir une brève audience de Mgr. Paul Xiao Zejiang, 41 ans et récemment sacré. Il a étudié la théologie auprès d’un jésuite au séminaire de Sheshan à Shanghai. Nous avons pu parler librement du problème des Évêques sacrés sans l’aval de Rome, et dont la position dans l’Église reste instable. Lui-même fut sacré avec un mandat pontifical, et son anneau épiscopal est un cadeau du Pape Benoît XVI. De fait, certains Prêtres sont soumis à de fortes pressions pour qu’ils acceptent le sacre. Ils sont ordonnés validement, mais leur communion avec Rome est remise en cause. La plupart du temps les autorités choisissent de jeunes Prêtres inexpérimentés, pensant qu’ils pourront plus facilement les influencer. Mais Mgr. Xiao m’assura avec candeur qu’en réalité ils sont tout autant désireux de proclamer l’Évangile et d’obéir à l’Église. Les circonstances présentes demeurent problématiques, et tant que l’Église n’aura pas toute liberté, le parti tentera toujours d’influer sur le choix des Évêques. Je reçus la bénédiction de Mgr. Xiao et l’abbé Liu me raccompagna.

 

Beaucoup de Catholiques se rendent sur les tombes des quatre Saints martyrisés sous la dynastie Qing afin de les vénérer malgré l’interdiction gouvernementale d’entrer sur le site. Ces Martyrs demeurent de poignants exemples de sacrifice dans un pays toujours hostile à l’Église et à l’Évangile.

En traversant Guiyang avec l’Abbé Liu, nous parlions de la dévotion mariale particulièrement forte en Chine. Dans la cathédrale il y a une grande bannière sur lequel est écrit « Notre-Dame de Chine, source de notre joie, priez pour nous ». Après chaque Messe, les fidèles restent dans les églises pour rendre grâce par de mélodieuses litanies et des prières à la Vierge Marie.

 

Addendum en date du 18 Février 2011: Mgr. Augustin Hu Daguo a rejoint la maison du père hier à 2H du matin. Requiem aeternam, dona eis Domine.

 

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/martyrs_qingyanzhen.jpg

La tombe des quatre Martyrs de Qingyanzhen.


 http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/guiyang_cath_back.jpg
Le chevet de la cathédrale de Guiyang.

 http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/guiyang_cath_front.jpg
La façade de la cathédrale de Guiyang.

 http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/oct2008/prayers_guiyang.jpg
Les prières Léonines après la Messe à la cathédrale de Guiyang.

 

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Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous.

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