4 juin 2013
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Denier d'or à l'Agneau Pascal de Jean le Bon.
Non, il ne s’agit pas des sédévacantistes ou des francs-maçons, mais tout simplement de l’argent ! Une pudeur à la fois française et Catholique fait que ce sujet est un tabou absolu dans l’Église qui est en France. Les campagnes de publicités sont très généralistes, rappelant simplement le besoin de finances de l’Église, et surtout, les chiffres quotidiens ne sont pas accessibles aux fidèles. Il peut arriver qu’exceptionnellement, pour un achat important, ils le soient (ainsi pour l’achat du presbytère de ma paroisse à la ville de Paris un panneau récapitulatif a été mis en place au fond de l’église) mais cela reste exceptionnel.
Les pays anglo-saxons font preuve d’une approche différente de l’aspect financier du culte, qui est rendu public afin que les paroissiens, comme dans toute la tradition politique et civique américaine, puissent exercer un contrôle sur l’emploi et la provenance des fonds. Ce tableau est extrait du bulletin paroissial de l’église Sainte Marie de Cincinnati, État de l’Ohio, États-Unis d’Amérique et permet des conclusions intéressantes :
- Les fidèles assistants à la Messe en latin donnent environ trois fois plus que ceux des Messes en anglais et allemand, soit un petit peu plus de 21$ (16€) par personne.
- Les fidèles des Messes en langue vernaculaire donnent tout de même environ 8$ (6€) par personne.
La contribution de 6€ à la Messe vernaculaire est moins forte que celle de la Messe en latin, mais est plus importante que celle enregistrée en Europe (en tout cas dans les pays comme la France où il n’y a pas d’impôt ecclésiastique). En France c’est, selon le diocèse de Belley, 2€ à la Messe dominicale. Et, paraît-il, les protestants américains pratiquants donnent 10% de leur revenu à leur communauté. Mais une telle comparaison est sans doute artificielle, car le comportement ecclésial dans le protestantisme américain est très différent de celui que nous connaissons.
Donc, pourquoi les fidèles de la Messe en latin donnent plus ? On pourrait avancer que ces personnes viennent de loin spécialement pour y assister, ce sont donc des personnes plus engagées dans la vie de l’Église celles venant du voisinage assister à la Messe en langue vernaculaire. Une autre thèse, pas forcément concurrente, est que ces paroissiens veulent exprimer monétairement leur gratitude de pouvoir assister à une Messe en latin.
Et en France ? Il me semble qu’à toute Messe, extraordinaire ou ordinaire, en latin ou en français, la ferraille prédomine. Les pratiquants des Messes en latin donneraient-ils plus ici aussi ? Je me permets de supposer d’après mes observations (à défaut de données accessibles) que cela est peut-être le cas, mais alors que cela se manifeste plutôt par le don (défiscalisé !) à tel ou tel institut ou société dont on se sent particulièrement proche.
D’autre part, il faudrait tenter de dissiper quelque peu cette pudeur méditerranéenne de l’argent, afin de mieux développer la « théologie du don ». Un exemple est à prendre sur le chanoine Lichtenberg (celui-là même qui fut martyrisé) qui ayant demandé par lettre de l’argent pour telle œuvre à ses paroissiens reçut une forte somme accompagnée de jérémiades épistolaires sur la fréquence des appels au don ! Il renvoya l’argent sans y toucher avec la missive. En effet, le sens ecclésial et sacrificiel du don n’est pas du tout souligné dans l’Église contemporaine, seulement parfois sont aspect utilitaire, car il va servir à faire telle ou telle chose. Non, le don à l’Église se veut l’héritier de la mise en commun des biens par les premiers Chrétiens, et le symbole de la réponse à l’appel du Christ à tout quitter pour le suivre. Il est donc don communautaire. Mais plus encore, il permet de s’associer à la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ en se privant soi-même, en finançant l’Église qui permet l’annonce du Royaume dans le monde d’aujourd’hui. Il est don sacrificiel. Donner donc ne permet pas seulement de chauffer les églises et d’acheter un presbytère, mais il est une nécessité pour « faire Église », expression qui trouve ici un (de ses très rares) emplois justifiés !
Pour ceux qui se sentent une vocation de comptable paroissial, une est disponible.
Par ailleurs, j'aimerais bien écrire plus de nouveaux articles, mais j'ai commis la grave erreur d'accepter la mise à jour du blogue, et le nouvel outil informatique de création d'articles est d'une m... nullité crasses fortement chronophage et donc dissuasive. Je n'arrive pas à écrire en assez gros pour mes yeux de taupe, ni à mettre des images de la taille que je désire... changer quoi que ce soit en cours de rédaction est immensément compliqué !
Don Henri