Chapitres VI et VII de La papauté, les titres du Pape : autorité, mission, ministère.
Par Mgr. Peter Elliott, Évêque auxiliaire de Melbourne
Traduction Louis-Marie
La publication se fait chapitre par chapitre. Tous les chapitres sont regroupés ici.
VI Vicaire du Christ
Le terme de vicaire (vicarius) se réfère au rôle du Pape de représentant sur terre de Jésus. C’est une grande responsabilité que de représenter le Seigneur auprès de l’humanité.
Cependant, ce principe de représentation irrigue toute notre vie Chrétienne : en effet, chacun de nous est appelé à représenter Jésus de différentes façons là où nous vivons et travaillons. Les Prêtres agissent « en la personne du Christ » lorsqu’ils célèbrent la Messe et les Sacrements. Les laïcs portent le Christ aux autres dans leur vie quotidienne. Les époux représentent le Christ par leur mariage et tout particulièrement lorsqu’ils construisent une famille. Les religieux, hommes et femmes, représentent le Christ dans la pauvreté, la chasteté, l’obéissance, et le service aux pauvres et aux marginalisés. Tous les membres du Corps du Christ qu’est l’Église peuvent représenter le Seigneur de façons différentes et complémentaires.
Il reste que le rôle du Pape consistant à représenter le Seigneur auprès de Son peuple et partout dans le monde est unique.
VII Professeur suprême
Le Pape exerce un ministère particulier d’enseignement depuis la « Chaire de Pierre », expression signifiant qu’il hérite de l’autorité apostolique du chef des Apôtres en la matière.
Le Pape enseigne de diverses façons : à travers des définitions solennelles, des encycliques, des déclarations et des exhortations. Ces différentes formes sont la marque des différents niveaux de son enseignement en termes de Foi et de morale, et de ses décisions de gouvernement de l’Église Universelle.
L’Évêque de Rome enseigne selon les mots du second Concile du Vatican, « avec Pierre et sous Pierre ». Cela se réalise en son plus haut point lorsque les Évêques se réunissent à lui en Concile Œcuménique, et définissent les questions de Foi et de morale. Lors des définitions solennelles d’un concile, le charisme d’infaillibilité de l’Église empêche les successeurs des Apôtres de tomber dans l’erreur, cela grâce à l’Esprit Saint qui travaille avec eux et par eux.
Le Premier Concile du Vatican qui promulga le dogme de l'infaillibilité pontificale.
De plus, il arrive que le Pape exerce son autorité d’enseignement, appelé son magistère, de façon définitive. En des temps critiques, il utilise le charisme d’infaillibilité et il n’a en ce cas aucun besoin du consentement ou de l’approbation des membres de l’Église. Le Saint Esprit le protège en effet de toute erreur lorsqu’il enseigne la volonté du Christ ou des points particuliers de Foi et de morale. Généralement, il fixe un point doctrinal contesté, clarifie la doctrine orthodoxe, et la distingue de l’erreur. On peut entrevoir le fondement de ce charisme d’infaillibilité dans l’Évangile selon Saint Matthieu lorsque le Christ dit à Pierre que ce n’est pas « la chair et le sang » qui lui a révélé Son identité, mais « mon Père qui est aux cieux ». Et en effet, l’acte de Foi de Pierre est la vérité fondatrice du Christianisme : Jésus est « le Christ, le fils unique du Dieu vivant ».
Le Pape Pie XII proclame le dogme de l'Assomption.
L’infaillibilité pontificale s’exerce normalement dans le domaine des définitions dogmatiques solennelles, qui sont rares. On appelle cela le Magistère extraordinaire. Mais on peut aussi trouver ce charisme d’infaillibilité dans l’enseignement quotidien du Pape à l’Église (le Magistère ordinaire) lorsque le Pape et les Évêques enseignent unanimement la même doctrine, et lorsque le Pape tranche définitivement une question, par exemple dans l’encyclique Humanae Vitae de 1968 sur la transmission de la vie.