L'humeur d'un cérémoniaire du dimanche... Sujets de fond et sautes de caractère.
Chapitres II et III de La papauté, les titres du Pape : autorité, mission, ministère.
Par Mgr. Peter Elliott, Évêque auxiliaire de Melbourne
Traduction Louis-Marie
La publication se fera chapitre par chapitre. Tous les chapitres seront regroupés ici.
II Le ministère pétrinien
Le Pape Jean-Paul II faisait souvent référence à son ministère pétrinien. Il s’agit par là de l’office du porte-clefs, développé dans l’Évangile selon Saint Matthieu immédiatement après que Jésus ai donné à Pierre son nouveau nom : « Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux: tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les Cieux »*. Le porte-clefs est l’intendant, celui qui ouvre et ferme les portes, et c’est de là que vient la légende populaire de Saint Pierre se tenant à la porte des cieux. En fait, dans ce ministère, Pierre et ses successeurs prennent sur terre des décisions qui seront honorées dans les Cieux. Ils participent à faire venir le Règne du Père sur terre « comme il est dans les cieux ».
La Basilique Saint Pierre est un symbole majeur du ministère pétrinien parce qu’elle a été bâtie sur le lieu exact où le pêcheur galiléen a été enterré après son martyr vers 64. L’emplacement de cette tombe, un cimetière près du lieu d’exécution (le cirque de Néron) avait été gardé secret par les Chrétiens, et révélé par le Pape Sylvestre à l’Empereur Constantin. Ainsi la basilique marque l’endroit où reposent les os de Saint Pierre, un lieu qui attire des pèlerins du monde entier.
Les restes de Saint Pierre ont été exhumés pendant la Seconde Guerre Mondiale, lors de fouilles dans la nécropole autorisées par le Pape Pie XII. Après de nombreux tests scientifiques et des preuves concordantes, ils ont été authentifiés par le Pape Paul VI en 1968. Il est possible pour les pèlerins de visiter ce lieu qui nous ramène à l’origine même du ministère pétrinien, à l’aube de la Chrétienté.
C’est sur cette tombe de Saint Pierre que les jougs de laine d’agneau, les pallia, sont conservés dans un coffret. Ce pallium est un signe de communion et d’unité avec Rome conféré chaque année aux nouveaux Archevêques par le Pape, et un rappel pour tous que le ministère pétrinien consistent en un office constant d’unité et de solidarité. Les blasons des archidiocèses portent le plus souvent un pallium en armoiries, symbole de la mission d’évangélisation et d’unité des Archevêques, parfois présidant des Églises locales isolées et diminuées.
III Pasteur suprême
En tant que premier parmi les Évêques, le Pape est le principal berger, ou pasteur suprême de l’Église universelle. Il prend pour modèle Jésus, le Bon Pasteur, qui donna sa vie pour son troupeau. La succession de saints et de pêcheurs qui ont assumé cet office à la tête de l’Église à travers les siècles témoignent de ce ministère pastoral de diverses manières, et avec un succès divers. Nous ne pouvons qu’être redevable au Seigneur pour la suite de Pape dans les siècles les plus récents qui se sont avérés être des pasteurs fidèles.
Le Bon Pasteur sur une pièce du Vatican.
L’Évangile selon Saint Jean met en emphase ce ministère pastoral au moment de l’apparition à Pierre de Jésus ressuscité qui lui dit trois fois : « Pais mes agneaux », « Pais mes brebis* » (Jn. 21 : 15-19). Selon les Pères de l’Église, il ne s’agissait pas seulement d’une triple absolution du triple lâche reniement du Christ par Pierre, mais également un triple mandat d’exercer le soin pastoral de tous les Chrétiens, jeunes et vieux. Dans la tradition johannique, ce mandat est fortement lié avec le martyre de Saint Pierre, le prix que celui-ci a payé pour avoir été un pasteur fidèle, prenant pour modèle en sa vie comme en sa mort le Bon Berger.
*Traduction du Chanoine Crampon