Récemment dans le métro, j’ai voyagé non loin de deux jeunes filles d’environ 16-17 ans. Mon regard a été attiré vers elles car l’une des deux écoutait de la musique sur son téléphone portable, en fonction haut-parleur, ce qui faisait beaucoup de bruit de qualité médiocre. Je ne traiterai pas de leur habillement, car pour choquant qu’il fut, ce n’est pas l’objet de cet article, mais il faut mentionner que leur conversation, tout à fait banale au demeurant, employait différent mots des plus orduriers.
Vous pouvez me traiter d’indiscret, cependant ces deux jeunes personnes sont un parfait exemple de la façon dont la politesse et la tenue la plus élémentaire disparait lentement dans notre société.
Mon diagnostic est que l’idéologie ambiante cause, peut-être involontairement, la disparition de la politesse et de l'amabilité car celles-ci sont la marque d’un réel intérêt, si ce n’est d’un amour désintéressé envers son prochain. En effet, l’individualisme et l’égoïsme ambiant a évacué le message Chrétien d’aimer son prochain comme soi même. Désormais le prochain, même si le devoir d’être « solidaire » envers lui est fréquemment proclamé, est un rival, un obstacle, une gêne : « l’enfer, c’est les autres » (Sartre) résume bien la pensée moderne.
Certain me diront peut-être qu’attribuer à l’Église et aux Évangiles les règles de civisme encore répandues jusqu’il y a peu dans les sociétés occidentales est exagéré. Non, ce n’est pas exagéré. Le Dieu des Chrétiens est à la différence des autres divinités vénérées dans le monde un Dieu souverainement aimable, qui fait demander à la Vierge Marie par un de Ses messagers célèstes la permission d’user de Son Sein afin de faire naitre le Sauveur du monde. De même, Dieu le Fils est souverainement aimable envers la femme pècheresse, envers Marie-Madeleine, envers la femme au flacon de parfum. Dans le contexte historique de l’occident barbare, l’Église a petit à petit éduqué les francs afin de leur inculquer les mœurs les plus évangéliques possibles, ce qui a culminé dans la chevalerie, et l’amour courtois. Dans les siècles plus récents, c’est dans les collèges jésuites et oratoriens que les jeunes personnes de bonne famille apprenaient la politesse et l’art de se tenir en société. C’est ainsi que la politesse et l’amabilité proviennent du message évangélique en ce qu’elles conduisent à réfréner l’expression de son « moi » (qui est soit dit en passant haïssable, ceci expliquant cela) afin de ne pas incommoder son prochain. Ou autrement formulé, de s’oublier soi-même pour penser à son frère.
La société moderne a cassé cette transmission de l’amabilité de génération en génération en se détournant du message Chrétien. L’homme moderne et nombriliste ne peut même pas conceptualiser cette idée d’oubli de soi et de ses désirs pour le bien de son prochain. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que l’impolitesse et la grossièreté prospèrent.