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L'humeur d'un cérémoniaire du dimanche... Sujets de fond et sautes de caractère.

Le comté de Nice, français ?

En tout cas, au vu de la campagne publicitaire promouvant les festivités et commémorations du  150è anniversaire du rattachement du Comté de Nice à la France, on peut se poser certaines questions :

Image (5) 

 

L’Article II de notre Constitution dispose : La langue de la République est le français. Alors, Nice, anglaise, américaine ?

Il est regrettable que la promotion d’un évènement national, qui devrait faire appel au patriotisme des français, et à leur sentiment national si souvent méprisé, se fasse dans une langue étrangère.

Certes, on peut se dire « tout le monde comprend »… Et si ce n’était pas le cas ? Voyez-vous, le niveau général en anglais des français n’est pas des meilleurs, et beaucoup de nos concitoyens les plus âgés n’ont pas étudié l’anglais, mais l’allemand, le russe, l’italien… à l’école. Le jeu de mot, que l’on peut qualifier de vaseux (et surtout de déjà fait : souvenez-vous de la nauséabonde émission « Nice people ») ne facilite pas la compréhension générale.

Pourquoi l’anglais alors ? C’est malheureusement devenu un automatisme dans les agences de publicité, entraînées aux techniques anglo-saxonnes. L’important est le slogan, qui passe toujours mieux dans cette langue agglutinante qu’est l’anglais, qui connaît peu de prépositions, de conjonctions de coordination etc.…  Le contenu ne compte plus vraiment, ce qui compte c’est d’attirer l’attention et de faire sourire, non plus de faire passer un message, mais une émotion.

Enfin, et c’est peut-être le fondement le plus proéminent de l’usage de l’anglais pour cette campagne, la langue française est déconsidérée, démodée, aussi absurde que cela paraisse pour une langue nationale. C’est un fait dont les tenants et les aboutissants seront peut-être repris postérieurement ici, mais qui en deux mots tient à la fois à l’invasion de la sous-culture de masse américaine, et au dégoût de la France qu’ont une large partie de nos élites, ce qui est aussi un sujet d’intérêt à traiter.

 

On ne peut que regretter que même nos célébrations nationales les plus fondamentales, celles qui touchent au territoire national et à sa mystique, et qui ont naturellement un fort écho dans les cœurs du  peuple français, passent à la même moulinette de la mercatique (« marketing ») que la publicité pour la lessive.

 

Nice et la France : rétrospective et commémorations

522px-County of nice.svg 

Il suffit de consulter une encyclopédie pour savoir que le conté de Nice (appellation commode pour ce qui est en fait constitués des comtés de Nice, Tende, etc.…) a longtemps fait l’objet de disputes entre les couronnes savoyarde et provençale, puis française. Après avoir été français sous les divers régimes républicains révolutionnaires, et le Premier Empire, le comté redevient piémontais. La cession définitive de ces terres à la France s’est faite, ce qui n’est que rarement souligné, en deux fois.

La première partie du comté, la plus conséquente devint française à l’issue du traité de Turin du 24 Mars 1860 entre l’Empereur Napoléon III et le roi du Piémont-Sardaigne Victor-Emmanuel II. Cette cession a été interprétée comme la contrepartie de l’effort consenti par l’Empire français pour chasser les autrichiens des Alpes du Sud et concourir à l’unité italienne, cela est vrai, mais il serait fautif de ne pas mentionner le désir véritable des populations du comté, francophones, d’être réunies à la Nation française. C’est ce désir qui se concrétisera lors du plébiscite des 15 et 17 Avril 1860.

La frontière ainsi crée étant difficilement défendable par la France, et ayant par la suite facilitée l’invasion du Sud-est par l’Italie fasciste, le Traité de Paris de 1947 disposera la cession des communes de Brigue et Tende par l’Italie à la France, dispositions ratifiées par référendum.

Le rattachement définitif du comté de Nice à la France, auquel est adjoint l’arrondissement de Grâce du département du Var, recrée un département révolutionnaire, les Alpes-Maritimes, qui est également une ancienne province romaine, les Alpes Maritimæ.

Le rattachement en lui-même a fait l’objet dans les Alpes-Maritimes de bien moins de polémiques qu’en Savoie, hormis peut-être la substitution du vocable « rattachement » à celui d’ « annexion ».

                La commémoration du rattachement fut célébrée une première fois en 1960, sans intrusion aucune de la langue anglaise dans nos célébrations nationales, et fut l’occasion de l’érection du monument du centenaire, de l’émission d’un timbre, d’une médaille…

 

Nike_-_Nice-monument-du-centenaire.jpg        Rattachement_Nice_France_GF.jpg      medaille_savoie.jpg

 

                 Ce sommes-toutes récent agrandissement du territoire national pose incidemment la question de la formation, de l’identité française. Car, en effet,  l’Algérie, la Guadeloupe, bien que située sur d’autres continents sont (était, pour l’Algérie) françaises depuis plus longtemps que Nice. C’est que l’identité française se comprend selon les conceptions de l’historien Fustel de Coulanges : la participation à la Nation n’est pas fondée sur l’ethnie, mais sur la volonté et la communion nationale. Encore faut-il que la politique ne mette pas à mal cette communion nationale, comme cela est arrivé en Algérie de par l’action de groupes extrémistes, et l’attitude légère du Général de Gaulle.

En ces temps où le peuple français est parfois brimé dans son sentiment national, parfois amené à renier sa patrie par certains censeurs moraux internationalistes, où des minorités veulent imposer une manière de vivre et de penser profondément étrangère à la France, se souvenir du rattachement de Nice et de la Savoie à la patrie ne peut que nous en apprendre bien plus sur nous même, le peuple français, et sur notre patrie que n’importe quel débat sur l’« identité nationale ».

 

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