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L'humeur d'un cérémoniaire du dimanche... Sujets de fond et sautes de caractère.

La proclamation de l’Évangile pâtit du péché des hommes d’Église

Le journal britannique the Telegraph, reprenant un article du journal néerlandais NRC Handerlsbad, publie une nouvelle atterrante en provenance de Hollande. La commission présidée par l'ancien ministre Wim Deetman (chargée d'enquêter sur les abus sexuels perpétrés au sein d’institutions de l'Église qui est en Hollande) est en effet parvenu à la conclusion qu'une dizaine d'adolescents, confiés à des établissements psychiatriques dirigées par l'Église Catholique, ont subi dans les années 50 des opérations de castration. Ce type de décisions aurait été pris notamment par Vic Marijnen, directeur d'un de ces centres dans la province de Gueldre, et plus tard premier-ministre Chrétien-Démocrate des Pays-Bas, sans en référer aux parents des adolescents en question. La raison avancée aurait été de les "guérir" de leur homosexualité, mais le rapport Deetman avance qu'il se serait agi d'une punition pour avoir dénoncé à la police des prêtres ayant commis sur eux des abus sexuels. Aux victimes va toute ma compassion, quand bien même ces faits ont eu lieu quarante ans avant ma naissance.


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Henk Heltuis, émasculé en 1956.

 

Ces évènements sont sordides, et témoignent des racines profondes de la crise de l'Église qui est apparue au grand jour dans les années 60 et 70. Dans ces Églises occidentales, établies, riches, influentes, le péché ne pouvait que prospérer, malgré toute la sainteté qui pouvait y exister par ailleurs. On comprend la volonté de réforme des pères de Vatican II, qui, bien que généralement pas informés de tels abus dans leurs diocèses, ont senti l'urgent besoin de réforme et de recentrage sur le message évangélique dans les Églises d'Europe. Mais ces réformes ont été instrumentalisées par le camp libéral pour avancer leurs idées, et ce n'est qu'aujourd’hui, sous le pontificat de Benoît XVI, alors qu'elle est désormais une institution marginalisée et étrangère à la vie de la plupart des européens, que, les péchés de ses mauvais serviteurs révélés, l'Église peut enfin tenter de se purifier.

Mais n'est-il pas trop tard? En effet, le contexte n'est plus du tout celui dans lequel une Église extrêmement vigilante envers ses serviteurs pourrait faire oublier leurs péchés passés, et s'appliquer de toute son âme à l'annonce de la Bonne Nouvelle. Non, nos sociétés sécularisées nourrissent une grande hostilité, tant institutionnelle que désormais largement partagée par la population, envers l'Église Catholique. Car malgré ses tares, il s'agit de la seule organisation contestant la philosophie néolibéral du jouir sans partage et à tout prix, et la conception utilitariste qui en dérive de la vie humaine. C'est la seule à s'opposer la ces fameux "droits" que sont l'avortement et peut être bientôt l'euthanasie (à ce propos aux Pays-Bas l'euthanasie est très largement pratiquée, pratique dont le comité des droits de l'homme des Nations-Unies s'est récemment ému). C'est la seule qui propose aux hommes de regarder au-delà de leur satisfaction personnelle et des nécessités de la vie moderne, vers un Dieu personnel et aimant qui parle de vie éternelle. Et ça, les gouvernants et l'opinion ne veulent surtout pas l'entendre.

Or ces ennemis de l'Église tiennent là l'arme idéale contre elle et son message. Attention bien sûr à ne pas sombrer dans la théorie du complot: les graves faits qui sont reprochés à l'Église Catholique ont bien eu lieu, ils sont en effet gravissime, et l'Église doit ininitier là où elle ne l'a pas fait, et continuer là où elle l'a fait, sa démarche de purification, préconisée par le Pape. Il n'est donc pas question d'accuser ceux qui déterrent ces affaires de les avoir forgées, ni de leur reprocher quoi que ce soit. Mais il faut bien constater, hélas, que ceux qui s'opposent à l'Église d'aujourd’hui vont efficacement, encore une fois de plus, utiliser le péché de l'Église d'hier pour bâillonner l'Église d'aujourd'hui. Eh, quoi, dira le peuple, une institution qui a tant fautée n'a pas à nous dicter notre conduite! Le Télégraphe a beau jeu de titrer "l'Église Catholique hollandaise a castré au moins 10 garçons".

Les suites de cette lamentable affaire dans les Pays-Bas des années cinquante sera un nouveau bâillon devant la bouche de l'Église des Pays-Bas d'aujourd’hui, un nouveau bouchon dans les oreilles d'un peuple qui a perdu tout sens de la morale la plus basique et de la dignité de la vie humaine. Dans ces conditions, l'Église ne peut plus faire passer son message évangélique, et il ne lui reste plus qu'à continuer sa lente agonie. Ce n'est que lorsque le renouveau spirituel aura dans la douleur fait son chemin, que la poche à pus des scandales anciens sera vidée et expiée, que nous pourrons de nouveau faire ce pour quoi l'Église existe: permettre à nos contemporains de connaitre le vrai Dieu vrai homme qui se fait pain, qui nous aime et nous a promis la vie éternelle.

 

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