6: But who may abide (song : alto)
Nous laissons la version de Cleobury pour privilégier celle d’Anthony Walker avec l’orchestre des Antipodes et l’excellent contreténor Christopher Field.
Air (alto) Malachie 3, 2
But who may abide the day of his coming? And who shall stand when he appeareth? For he is like a refiner's fire.
Et qui soutiendra le jour de sa venue, et qui restera debout quand il apparaîtra? Car il sera comme le feu du fondeur.
Mmm, c’est assez obscur comme passage, non ? Qu’est-ce que ça peut bien être, le feu du fondeur ? La traduction du chanoine Crampon est juste et littérale, mais la Bible en français courant nous parle plutôt de « feu qui affine le métal » ce qui permet de mieux comprendre de quoi nous parle le prophète Malachie.
Il s’agit d’une purification de l’humanité de son péché originel, cette tendance intrinsèque à la rébellion contre Dieu qui existe dans le cœur de chaque humain depuis la chute première. Cette purification finale est ce que les Hébreux (et encore les Juifs aujourd’hui) attendaient de la venue du Messie. Et elle est venue, sauf que ce n’est pas de la façon dont ils s’y attendaient. D’abord, par son immolation sur la Croix, notre Seigneur Jésus Christ a pris sur lui tout le péché du monde et nous a rachetés de tout péché, originel comme de notre propre fait. Le sacrement baptême qu’il nous a donné a accompli pour chaque baptisé ce rachat du péché originel, avec le signe de l’eau.
Mais ensuite, il n’a pas fait de nous des anges pour autant ! Son action de purification requiert notre accord, notre collaboration à travers toute notre vie. Et elle ne se termine qu’après notre mort, lorsque les flammes spirituelles, non pas des enfers, mais du purgatoire brûlent tout ce qui reste de péché dans l’âme humaine. En effet, avant cette purification finale, peu d’âmes « soutiendront le jour de sa venue et resteront debout quand il apparaîtra », car selon ce que diverses révélations (cf. Un mois avec les âmes du purgatoire de l’Abbé Berlioux) nous disent, les âmes ne serait-ce que légèrement pécheresses ne peuvent effectivement pas supporter la présence de Dieu dans sa pleine gloire, et se sauvent d’elles mêmes en purgatoire.
Il est ironique d’illustrer une doctrine spécifiquement Catholique avec la musique d’un protestant ! Et pourtant, la musique d’Haendel illustre magnifiquement les paroles du prophète. Ici, sa formation en Italie et son passé de compositeur d’opéra transparaissent sous son vernis de compositeur se musique sacrée. Le rythme plus lent de la première partie fait penser à la complainte de l’humanité déchue, nostalgique du jardin d’Éden. Les vocalises soulignent avec une tranquille dignité le mot « appeareth », la venue du Seigneur. Soudainement, la partie rapide intervient, avec un effet dramatique certain : on croirait voir les flammes danser, et on reste fasciné. Et retour du motif calme : l’âme purifiée peut rencontrer le Seigneur et se tenir debout devant lui.