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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 15:00

L’Église Catholique en Asie Centrale

 

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Les premiers Chrétiens, des Nestoriens, apparurent en Asie Centrale, le long de la Route de la Soie, au IIIe Siècle, et évangélisèrent largement la région. Selon les sources historiques, ils y avaient établis deux patriarcats sous le règne de l’Empereur de Chine Tai Tsung de la dynastie Tang, en l’an 635. Cependant, ce n’est qu’au XIIIe Siècle que la christianisation de l’Asie Centrale atteint son apogée avec l’arrivée des Franciscains et des Dominicains, qui fondèrent des monastères dans ces espaces sans frontières, en suivant la Route de la Soie. C’est à la même époque que les premiers Évêques apparurent. Des relations diplomatiques s’établirent entre le Saint-Siège, le Grand Khan, et d’autres potentats locaux. L’érection de la province franciscaine de Terre-Sainte en 1217 fut décisive en ce qu’elle permit l’accroissement des missions franciscaines. Elles eurent pour résultat la conversion et le baptême de nombreux khans, rois, nobles de hauts rang, ce que entraina celle d’une grande partie de la population. Par exemple, le prince tartare Satar, fils du Khan Batia, devint Chrétien aux alentours de 1254.

C’est alors que le Pape Nicolas III organisa la jeune Église en lui donnant une structure diocésaine, confiée au franciscain Gérard de Prato en 1278. Malheureusement, la conquête progressive de l’Islam dans la région empêcha la christianisation complète de l’Asie Centrale. Les monarques philo-chrétiens furent tous détrônés, et des dynasties islamiques prirent le pouvoir. Le travail missionnaire des Franciscains cessa brutalement en 1342, lorsque le Khan Ali détruisit le monastère de la ville épiscopale d’Almalik et fit mettre à mort son Évêque, Richard de Bourgogne, et six moines Franciscain pour leur refus d’apostasier. D’instantes demandes furent envoyées à Rome afin d’obtenir de nouveaux Évêques en Asie Centrale, mais sans résultats, en raison de la difficulté des temps pour l’Église. La Chrétienté d’Asie Centrale fut donc condamnée, mais le sang de ces martyrs fertilisa le sol pour la future renaissance de l'Église dans la région, six siècles et demi plus tard.

À l’époque où la Russie annexa progressivement l’Asie Centrale, l’Impératrice Catherine la Grande se préoccupait beaucoup du bien-être spirituel des colons, souvent allemands ou néerlandais, qui repoussaient les frontières de l’Empire dans ces régions à cette époque. Elle fit ériger en 1783 le diocèse latin de Moguilev, couvrant toute la Russie, permettant aux Catholiques de rite romain d’échapper à la prégnance pesante de la religion d’État, l’Église Orthodoxe. En 1847, un second diocèse russe de rite latin fut établi à Saratov, en Russie septentrionale, bien que portant le titre de « diocèse de Tiraspol » (en Moldavie) pour ménager les susceptibilités des Pravoslaves. Il couvrait le sud de l’Ukraine et de la Russie, et l’Asie Centrale. On peut citer son Baron-Évêque Édouard von der Ropp comme très attaché à la propagation de la Foi dans ces régions. Ce fut lui qui posta des Prêtres et fit construire des églises dans les grandes villes de ce qui est alors le Turkestan russe pour le soin des âmes des colons polonais, allemands de la Volga, biélorusses, baltes, ukrainiens…

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L’église Catholique d’Achgabat (Turkménistan) avant la révolution d’Octobre et sa transformation en entrepôt, puis sa destruction en 1948.

 

À partir de la révolution russe d’Octobre 1917, les soviets détruisirent en quelques années toutes les structures de l’Église Catholique, et le Turkestan russe fut instantanément touché, les communistes prenant le contrôle de la région dès 1918. C’est à ce moment qu’on cesse de parler de Turkestan pour parler des RSS du Kazakhstan, du Turkménistan, etc.

Paradoxalement, le gouvernement soviétique contribua grandement à l’augmentation du nombre de Catholique dans la région en y déportant la plupart des allemands de la Volga ainsi que de nombreux ukrainiens et biélorusses. Ces nouvelles populations furent d’abord détenues dans d’immenses camps de concentration, puis libérées par la déstalinisation, mais assignées à résidence dans les villes-nouvelles jouxtant les camps. Dans ces déportations  des milliers de personnes consacrée et laïques trouvèrent la mort, il s’agit sans doute de la persécution la plus large de tous les temps contre les Chrétiens.   

 

Budka N   Zarytskyi   Entkevic

Quelques uns des innombrables martyrs des camps de la mort du Kazakhstan: Les Bienheureux Mgr. Budka, Evêque auxiliaire de Lviv, Abbé Zarytsky de l'éparchie de Lviv, et Soeur Rose du Coeur de Marie, dominicaine russe. Ils étaient tous trois de rite oriental.

 

Chez les survivants une « Église du silence » s’organisa rapidement. Sous la houlette de Mgr. Alexandre Chira (+ 1983), Évêque de Moukhatchevo des Gréco-Catholiques en Ukraine, déporté à Karaganda (mais qui ne révèlera son statut épiscopal qu'en 1980), c’est un véritable diocèse clandestin qui se déploie sur le territoire des 5 Républiques Soviétiques d’Asie Centrale, le Kazakhstan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, et le Tadjikistan.

 

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Mgr. Alexandre Chira, Évêque de Moukhatchevo. Sa devise était : « Je laisse mon corps à la terre, mon âme à Dieu, mais mon cœur à Rome ».

 

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Clergé Catholique au Kirghizistan, années 60

 

Les conditions de vie sur place étant difficilement supportable, les gouvernements locaux permirent en compensation une activité religieuse minimale à partir de la fin des années 60. Certaines paroisses purent alors se faire enregistrer officiellement et disposer d’un clergé opérant certes discrètement, mais au grand jour tandis que d’autres restaient clandestines, se voyant refuser leur enregistrement. C’est ainsi qu’à Karaganda, principale ville Catholique et allemande du Kazakhstan, une église est construite en 1977.

 

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La première église de Karaganda. Le clocher a été construit dans les années 90.

 

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La Messe en allemand à l’église de Douchanbé dans les années 80.

 

Cependant les conditions varient de lieu en lieu : L’église de Frounzé (ci-dessous) au Kirghizistan est détruite sur ordre du gouvernement local en 1961.


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Les fidèles étaient principalement allemands, ou dans une moindre mesure polonais, biélorusses et ukrainiens. Malgré la difficulté des temps, il faut souligner que l’Asie Centrale a donné plusieurs dizaines de vocations de religieuses et une dizaine de Prêtres à l’Église Universelle, ordonnés en Lituanie ou en Lettonie. Deux Évêques actuels, Mgr. Werth de Novossibirsk et Mgr. Schneider, auxiliaire de Karaganda sont nés dans la région. Un nouvel ordre de religieuses a même été établi au Kazakhstan dans les années 70, et on trouve désormais ces religieuses partout en ex-URSS!

 

La chute du régime soviétique, pour positive qu’elle fut, mit l’Église d’Asie Centrale face à de nouveaux défis : ces pays, séparés de la Russie se sont avérés être extrêmement pauvres et instables, ce qui causa le départ de centaines de milliers d’allemands pour un mère-patrie dont ils étaient séparés depuis des dizaines de générations, laissant les paroisses quasi-vides.

 

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Une famille d’allemands à la veille de quitter le Tadjikistan pour l’Allemagne, années 90.

 

L’Église répondit à ces défis tout d’abord en affirmant son existence : le 13 Avril 1991, le Pape Jean-Paul II érige l’Administration Apostolique du Kazakhstan et d’Asie Centrale, large de 4 millions de kilomètres carrés, avec à sa tête Mgr. Jan-Pavel Lenga, un ukrainien qui devint, 649 ans après, le successeur immédiat de Richard de Bourgogne.

 

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Mgr. Lenga, maintenant Évêque de Karaganda.

 

Un des défis urgents du nouvel Évêque fut de trouver des missionnaires à envoyer dans les paroisses désertées par les allemands et leurs Prêtres. En effet, s’il en reste encore 300 000 en 1999 au Kazakhstan, dans les autres républiques ces communautés avaient complètement disparu. Cela fait, des structures missionnaires (missions sui juris, et administrations apostoliques) furent établies dans chaque pays en 1997. Le Kazakhstan, dont l’évangélisation est plus avancée, a reçu une organisation diocésaine entre 1997 et 1999, et le Pape Jean-Paul II y a effectué une visite en 2001.

 

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Le Saint-Père Jean-Paul II et l'(inamovible) président kazakh, Noursoultan Nazarbaev.


Qui sont les fidèles désormais ? Il est clair qu’on ne peut plus parler d’ « Église  allemande » comme auparavant. Parmi les 400 000 Catholiques du Kazakhstan subsistent de nombreux allemands, côte à côte avec de nouveaux Catholiques d’origine slave ou locale, tandis qu’ailleurs ce sont ces derniers qui forment le gros des (petites) troupes. Ce sont des Églises locales jeunes, dynamiques, et très missionnaires qui savent qu’elles ont tout l’avenir devant elles pour croitre et porter du fruit.

Il faut aussi souligner que le Kazakhstan jouit d’une grande avance en matière de vocations, ayant depuis 1998  un séminaire sur son territoire formant au sacerdoce des jeunes gens locaux pour toute l’aire géographique, dont certains font partie des ethnies autochtones. Le premier Prêtre d’ethnie kazakhe, l’Abbé Rouslan Rahimberlinov, est Prêtre diocésain à  Oust-Kamenogorsk, dans le diocèse de Karaganda. Dans les autres républiques, des Prêtres et Évêques missionnaires prennent soin de petits troupeaux qui ne cessent de croitre. Le manque de Prêtre se fait particulièrement ressentir dans ces grands espaces où toutes les demandes d’établissement de paroisses ne peuvent se concrétiser, et où il faut voyager pendant des heures pour se rendre à la chapelle de fortune la plus proche, parfois distante de plus de 200 Km de l’église paroissiale principale.

On compte également un nombre substantiel de Gréco-Catholiques dans le pays, car Mgr. Chira, bien que pasteur d’une communauté majoritairement de rite romain, était resté fidèle au rit byzantin.

 

Kostiol-Almaty--greco-Cath.-.JPG

L’ancienne et la nouvelle église Gréco-Catholique de Karaganda.

 

Il faut aussi compter avec le fait que ces pays, quoique largement laïcs, sont de traditions musulmanes. Concrètement, les élites politiques et religieuses voient d’un mauvais œil ce qu’elles taxent de « prosélytisme ». Si la liberté de religion, malgré quelques atteintes, n’est pas menacée au Kazakhstan, ce n’est pas le cas dans certaines autres républiques où devenir Chrétien peut signifier s’exposer aux persécutions d’État.  L’islam local étant très fortement encadré par les institutions gouvernementales, le terrorisme islamique est pour l’instant rare. L'Eglise Catholique n'est jusqu'ici pas sévèrement persécutée, contrairement aux mouvements protestants que les Etats cherchent à éliminer systématiquement de leurs territoires.

  

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La jolie église paroissiale St. Roch de Kourgan-Toubié, Tadjikistan.

 

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La majestueuse nouvelle cathédrale de Karaganda.

 

Kaz Aktau1 (25)

 Une Eglise pauvre: la mission d'Aktaou (Kazakhstan) ne possède absolument rien et loue une salle vide les Dimanches avec Messe.

 

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Messe chez une personne privée: c'est la norme dans bien des points de mission.

 

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La toute petite cathédrale de Bichkek et l'Administrateur Apostolique du Kirghizistan, Mgr. Nikolaus Messmer.

 

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La belle cathédrale de Tachkent, survivante du vandalisme des communistes, et le souriant Administrateur Apostolique de l'Ouzbékistan, Mgr. Jerzy Maculewicz.

 

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Une première Communion doublant le nombre de communiants dans la paroisse: des Eglises très jeunes!

 

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La Fête-Dieu et l'Assomption à Douchanbé.

 

DSCN0176.JPG

Baptême à Bichkek.

 

Liens utiles et sources :

 

L'Eglise au Kazakhstan

L'Eglise au Kirghizistan

L'Eglise en Ouzbékistan

L'Eglise au Tadjikistan

L'Eglise au Turkménistan

Diocèse de Karaganda

Mgr. Jan-Pavel Lenga: History and current situation of the Church in Kazakhstan 

EDA - Eglises d'Asie - Rubrique Asie Centrale 

AED - Rubrique Asie et Océanie 

Carte des groupes ethniques en Asie Centrale

EWTN: Le Pape au Kazakhstan, documents et discours

 

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 14:51
Saint Josémaria, priez pour nous.
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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 23:06

Seigneur Jésus,
qui, fidèlement, visite et comble de Ta Présence
l'Eglise et l'histoire des hommes,
Toi qui, dans l'admirable Sacrement de Ton Corps et de Ton Sang
nous fais participer de la Vie divine
et nous donnes un avant-goût de la joie de la Vie éternelle,
nous T'adorons et nous Te bénissons.

Prosternés devant Toi, la source de la vie, et qui l'aime,
réellement présent et vivant au milieu de nous, nous Te supplions :
Réveille en nous le respect pour toute vie humaine naissante,
rends-nous capables de discerner dans le fruit du sein maternel
l'œuvre admirable du Créateur,
dispose nos cœurs à l'accueil généreux de tout enfant
qui vient à la vie.

Bénis les familles,
sanctifie l'union des époux,
rends fécond leur amour.

Accompagne de la lumière de ton Esprit
les choix des assemblées législatives,
pour que les peuples et les nations reconnaissent et respectent
le caractère sacré de la vie, de toute vie humaine.

Guide le travail des scientifiques et des médecins,
afin que le progrès contribue au bien intégral de la personne
et qu'aucun être ne soit supprimé ou ne souffre l'injustice.

Donne une charité créative aux administrateurs et aux financiers,
pour qu'ils sachent pressentir et promouvoir des moyens suffisants
afin que les jeunes familles puissent s'ouvrir sereinement
à la naissance de nouveaux enfants.

Console les époux qui souffrent
de l'impossibilité d'avoir des enfants
et, dans ta bonté, pourvois !

Eduque-nous tous à prendre soin des enfants orphelins ou abandonnés,
afin qu'ils puissent faire l'expérience de la chaleur de ta charité,
de la consolation de ton divin Cœur.

Avec Marie, ta Mère, la grande croyante,
dans le sein de laquelle Tu as assumé notre nature humaine,
nous attendons de Toi, notre unique et vrai Bien et Sauveur,
la force d'aimer et de servir la vie,
dans l'attente de vivre toujours en Toi,
dans la Communion de la Trinité Bienheureuse.
 
 Benoit XVI - 27.11.2010

 

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 23:43

 

Saint Josémaria, priez pour nous.

 

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 23:10

Vous n'êtes pas sans ignorer la situation parfois difficile des Catholiques russes, notamment en ce qui concerne la spoliation en cours des églises Catholiques de Kaliningrad au profit de l'Eglise Orthodoxe. Mais aujourd'hui, c'est une lueur d'espoir et d'amitié entre confessions que je souhaite faire parvenir.
La paroisse latine de Magadan a fêté récemment ses 20 ans en présence de l'Évêque d'Irkoutsk des latins, Mgr. Kirill Klimovitch, et de Mgr. Roger Schwietz, Archevêque d'Anchorage (Alaska), en visite amicale dans ce qui est le diocèse voisin, même si les deux sièges épiscopaux sont distants de plusieurs milliers de kilomètres. Ils ont été reçus avec d'autre Prêtres du doyenné par le Métropolite Goury de Magadan et Sinégorié, beaucoup mieux disposé envers les Catholiques que son confrère de Kaliningrad, notamment parce que les deux Église dans ce territoire désolé coopèrent beaucoup en ce qui concerne la charité et l'éducation chrétienne des enfants.

 

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Ces gens de la taïga glacée vivent vraiment beaucoup plus difficilement et pauvrement que nous. Prions pour eux, et particulièrement pour ceux d'entre eux qui n'ont pas trouvé la lumière rassurante et consolatrice de l'Église.

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 19:41

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Par Anthony Clark, traduction Louis-Marie

 

Alors que le monde a les yeux fixés sur les jeux olympiques, les fidèles se rassemblent  en nombre impressionnant à chacune des Messes célébrée dans cette cathédrale de l’Immaculée Conception, l’une des plus belles de Pékin, appelé ici Nantang (cathédrale du Sud).

Dans sa lettre aux Catholiques chinois du 27 Mais 2007, le Pape évoque « les tensions et les divisions » qui existent à l’intérieur de l’Église chinoise, mais il remarque aussi que les Évêques dits « patriotiques » sont quasiment tout en communion avec le Saint-Siège. Bien que des difficultés persistent, l’Église de Chine est florissante et ses fidèles peuvent pratiquer leur foi ouvertement.

La première Messe dominicale à la cathédrale du Sud, à six heures du matin, est célébrée dans la forme extraordinaire, et les répons latins sont chantés sur des airs mélodieux, conformément à la tradition locale. A sept heures une Messe est célébrée en chinois selon la forme ordinaire, puis suivent deux Messes en anglais. Chacune de ces Messes est tout à fait pleine, de jeunes comme de vieux.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/25/Nantang.jpg/270px-Nantang.jpgLes ouailles des la cathédrale du Sud ont des dévotions particulières, envers la Très Sainte Vierge, dont une statue au dessus de l’Autel ne peut échapper au regard, et envers Matteo Ricci,  le grand missionnaire jésuite. Sur le parvis se trouvent trois statues, la sienne,  celles de la Sainte Vierge, et de Saint François-Xavier. En arrivant à la cathédrale, les fidèles s’inclinent profondément devant Matteo Ricci, et prient quelques instants devant la statue de Notre Dame, se trouvant dans une niche de rocaille au dessus d’une fontaine. Une véritable armée de volontaire les attend ensuite, accueillant chaque personne avec un sourire.

Cette église est la plus ancienne de Pékin, fondée en 1605 par Matteo Ricci : chacun peut vois sur le parvis deux grandes stèles impériales offertes aux Jésuites par l’empereur. En effet, le premier empereur de la dynastie Qin, Shunzi était en relation étroites avec les Prêtres Catholiques en charge de l’église, allant jusqu’à la visiter plus de 24 fois durant son règne. Lorsque la cathédrale fut endommagée par un incendie en 1775, l’empereur Qianlong fit le don de 10 000 taëls d’argent afin de financer la reconstruction.

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/aug2008/beijing_stxavier.jpgSuite aux guerres de l’opium qui eurent lieu au milieu du XIXe S, l’édifice fut confisqué par le gouvernement, pour n’être restitué qu’en 1890. Les Boxers, lors de leur Révolte le brûlèrent jusqu’aux fondations, et en 1904, l’église fut reconstruite. Aujourd’hui, cette immense cathédrale de style baroque ne peut plus contenir les foules immenses se rendant en pèlerinage sur le site de la première mission de Matteo Ricci.

Après la Messe j’eus l’occasion d’échanger avec l’Abbé Liu, un jeune Prêtre chaleureux et accueillant, qui m’annonça joyeusement que les restrictions concernant les relations entre l’Église en Chine et le Vatican font désormais partie du passé. La procure d’article religieux, ouverte entre les Messes vend des livres, des images pieuses et des cartes du Saint-Père. Et les bénéfices sont élevés ! En sortant, je fus accompagné par le son des cloches, annonçant gaiement la célébration des Divins Mystères.

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/aug2008/beijing_mass.jpgMalgré les ouvertures, et la relative liberté dont jouissent les Catholiques chinois aujourd’hui, certains signes du rejet des religions par le régime communiste demeurent : Alors que je tentais de prendre le taxi pour me rendre à la Messe du soir, les chauffeurs me répétaient tous qu’ils ne connaissaient pas l’adresse indiquée, malgré le fait que l’église se situe dans le quartier le plus touristique de Pékin, à quelques mètres de la place Tiananmen. L’un d’entre eux, un excentrique sans doute, accepta de m’y conduire, mais non sans me répéter constamment que « les chinois ne croient plus en les esprits ». En réalité les autres refusent de conduire quiconque à l’adresse d’un lieu de culte Chrétien. De même, alors que j’écris cet article sur mon ordinateur ayant un accès internet, il est impossible d’accéder au site du Vatican.

http://www.ignatiusinsight.com/images/featureart1/aug2008/beijing_aftermass.jpgD’un côté, je peux tout à fait me rendre à la Messe, avec des centaines de croyants (si j’arrive à trouver un taxi !), et je suis libre de mentionner le Pape dans une conversation, mais de l’autre je n’ai pas accès au site du Vatican. Il y a donc encore de sérieuses restrictions à la liberté de religion ici, qui cependant disparaissent un moment des esprits le temps de la célébration des Mystères éternels de la Foi, ici, à Pékin, capitale de la Chine.

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 17:26
Saint Josémaria, priez pour nous.
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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 23:56

 

Voici un long article écrit par moi, dans le but de faire comprendre la Constitution Apostolique Anglicanorum Coetibus prévoyant des structures particulières pour les Anglicans dans l'Eglise Catholique. On en a parlé épisodiquement en France, notamment lors de la conversion récente de 5 Evêques, mais les français ne peuvent avoir quasiment aucune clef de déchiffrage de la situation et de la Constitution, puisque ces informations ne sont disponibles qu'en anglais, et éparpillées sur différents sites et blogues. Ce texte se veut donc le plus exhaustif possible, et tente de faire le tour de la situation pour donner aux lecteurs français des informations jusqu'ici inédites dans notre langue. Il se base sur un travail de documentation conséquent, et les connaissances de l'auteur, qui a un intérêt pour corps ecclésiaux issus de la Réforme. Le texte est ardu, technique, et introduit de nombreuses notions inconnues des Catholiques français. Lisez lentement, faite des pauses et utilisez si vous le souhaitez les liens hypertextes (vers des sites officiels, ou dont le sérieux a été vérifié) renvoyant à plus de renseignement sur des points précis, cependant souvent en langue anglaise.

 

 

Anglicanorum Coetibus est une Constitution apostolique du Pape Benoît XVI signée le 4 Novembre 2009 et publiée le 9. Son objet est de fixer les normes permettant de recevoir en groupe des Anglicans dans l’Église Catholique, dans des structures dédiées (des ordinariats, quasi-diocèses), et en leur permettant de conserver une partie de leur patrimoine particulier.

Cet évènement est d’une importance très particulière, parce qu’il crée ce qui ressemble assez fortement à une sorte d’Église orientale avec un rite propre, quoique cette constitution apostolique soit un objet de droit canon non identifié. Cela vous le savez n’arrive que très rarement, les deux précédents plus ou moins assimilables étant les établissements de l’Église Catholique Syro-Malankare en 1932 et de l’Église Catholique Arménienne en 1740.

Il est certainement nécessaire afin d’expliquer cette constitution aux français de commencer par une très brève introduction sur l’anglicanisme, car cette confession chrétienne est fort méconnue par chez nous. (Avant de vous lancer dans l’article, prenez également le temps de lire la Constitution Apostolique). Tout aux plus nos compatriotes savent ils que cette « Église » a été fondée par le roi d’Angleterre Henri VIII afin de pouvoir divorcer et mettre sous sa coupe l’Église anglaise, et qu’encore aujourd’hui le monarque anglais en est la tête. Seulement, cela est en partie faux.

                Aujourd’hui, ce qui s’appelle la Communion Anglicane est constitué de par le monde d’ « Églises » nationales appelées provinces, très indépendantes, l’ « Archevêque » de Cantorbéry (actuellement le Très Révérend Rowan Williams) exerçant une primauté d’honneur. Seule l’ « Église » d’Angleterre (The Church of England) est soumise à la reine Elizabeth II. Les Anglicans se trouvent majoritaires en Angleterre, très nombreux au Nigéria et en Ouganda qui sont respectivement les trois premières provinces de la Communion en terme de fidèles. On en trouve aussi ailleurs au Royaume-Uni et partout dans les anciennes colonies anglaises, l’Australie, les États-Unis, le Canada, Inde, Hong-Kong, Zimbabwe… mais en nombre moindre, et déclinant pour ce qui est de l’Occident. Cette Communion, depuis au moins le XIXe S est traversée par des courants contraires et opposés, les « Anglo-Catholics » et les « Evangelicals ». Pour faire simple, les premiers ont une théologie et une ecclésiologie se rapprochant fortement de celle de l’Église Catholique (ils sont les héritiers directs du Mouvement d’Oxford dont faisait partie le bienheureux cardinal Newman avant sa conversion), alors que les seconds sont d’obédience calviniste épiscopalienne, c'est-à-dire que bien qu’étant des protestants « purs et durs », ils acceptent tout de même un ministère épiscopal.

Mais sur ce sujet ont été écrits de gros bouquins, ces affirmations sont donc nécessairement réductrice aux grandes lignes.

Nous nous poserons, et nous répondrons aux questions du néophyte : Anglicanorum Coetibus pourquoi, pour qui, comment, et après ?

 

I)                     Anglicanorum Coetibus, pourquoi ?

 

La Communion (on devrait plutôt écrire « Communion » entre guillemets, ou encore : soit disant Communion) traverse une crise majeure et multiforme depuis une trentaine d’années. Les divergences entre les différents courants en présence, et l’irruption de l’idéologie du Monde dans les « Églises » la constituant la mènent actuellement sur le chemin de l’atomisation, chemin déjà bien engagé.

On assiste en premier lieu à une atomisation intérieure dans les provinces occidentales, avec un divorce entre le mainstream acquis aux idées du Monde (prêtrise et épiscopat féminin, acceptation totale de l’avortement, du divorce, de l’homosexualité, plus généralement un affaiblissement moral et théologique majeur) et les sections plus conservatrices d’Anglo-Catholics et d’Evangelicals, respectivement acquises à une éthique Catholique ou protestante puritaine, qui tentent de faire front, mais ne peuvent pas réellement s’entendre tellement leurs divergences théologiques sont profondes.  La province états-unienne, l’ « Église » Épiscopale des États-Unis s’est particulièrement distinguée au cours des 30 dernières années par son ultra-progressisme menant à une myriade de schismes créant des communautés de taille moyenne à toute petite.

Cette division intérieure dans les provinces se répercute gravement au niveau de la Communion dans son ensemble, puisqu’il n’y a aucun consensus sur les nouveautés introduites par les « Églises » progressistes occidentales. C’est à ce point que la prétendue Communion n’en est plus une, du fait que de nombreuses provinces d’Afrique et d’Asie, plutôt du bord Evangelical, ont rompue la communion avec les Églises des pays occidentaux. Cette crise de l’anglicanisme qui lui sera peut-être fatale, ou en tout cas le laissera fortement changé (défiguré ?) ne saurait être complètement expliquée par les lignes qui précèdent, mais c’est un bon résumé (in a nutshell) de la situation.

Cette situation critique a poussé des groupes d’Anglicans de tradition Anglo-Catholique, rejetés par leur province d’origine, et eux-mêmes enthousiastes à l’égard du mouvement œcuménique à chercher un havre, un lieu sécurisé, par l’union avec l’Église Catholique.

 

II)                   Anglicanorum Coetibus, pour qui ?

 

Eh bien, pour ceux qui l’on demandée ! Et ces groupes d’Anglicans frappent à l’huis depuis quelques décennies tout de même.

Il faut savoir qu’il existe déjà depuis les années 80 une structure dédiée au patrimoine liturgique anglican dans l’Église Catholique : la Pastoral Provision du Pape Jean-Paul II.

Les pionniers de l’Anglicanisme au cœur de l’Église Catholique sont américains. En 1978, le chanoine anglican d’origine française le Révérend Albert Dubois, déjà très âgé, effrayé par la décadence de son « Église » Épiscopale des États-Unis, et par les nombreux schismes qui s’ensuivirent, voyagea à travers le pays, parlant discrètement à certains « prêtres » d’une possible réunion en groupe (corporative reunion, expression difficilement traduisible signifiant l’union en tant que groupe constitué à l’Église Catholique). Il prit ensuite contact avec l’Archevêque Catholique de San Antonio, ville où il réunit aussi un congrès d’ecclésiastique Anglicans afin d’explorer cette voie. Un tournant décisif fut franchi lorsqu’il rencontra, en compagnie notamment du Révérend William Saint-John-Brown, S.E. le Cardinal Seper, Préfet de la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la Foi, et pétitionna formellement le Pape Jean-Paul Ier afin d’obtenir une possibilité pour les Anglicans d’entrer dans l’Église Catholique tout en conservant des éléments de leur propre tradition. Mais le pauvre chanoine mourut en Juin 1980, quelques semaines seulement avant de voir sa demande, et ses plus chers espoirs se concrétiser.

En Juillet 1980, le Pape Jean-Paul II édicta un document en anglais appelé Pastoral Provision (provision pastorale) qui rentra en vigueur par sa notification aux Présidents des Conférences Épiscopales des États-Unis et d’Angleterre. Ses effets étaient doubles : d’un côté elle permettait facilement l’ordination au sacerdoce dans l’Église Catholique des ministres Anglicans mariés et convertis, et de l’autre la création de paroisses personnelles (désignées comme paroisses d’identité commune) au sein des diocèses Catholiques, paroisse où la vie liturgique se ferait selon un « rite anglican », restant encore à définir, compiler et édicter à l’époque. La première paroisse de ce type fut érigée en 1983 dans le diocèse de San Antonio, Texas. Si la première mesure eut beaucoup de succès, les anciens ministres Anglicans mariés devenus Prêtres Catholiques étant maintenant chose très commune au Royaume-Uni et aux États-Unis, il n’en fut pas de même pour la seconde, les paroisses personnelles se comptant encore aujourd’hui sur les doigts de la main, et se trouvant toutes aux États-Unis. Il y en a plus exactement sept, plus quelques quasi-paroisses et groupes de laïcs.

Mais cela n’a pas empêché ce qui s’appelle l’usage Anglican du rit Romain d’être élaboré. Cet Anglican Use of the Roman Rite fut élaboré en 1983 par un comité ad hoc composé en grande partie d’anciens prêtres épiscopaliens devenus Catholiques en liaison avec la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. La forme choisie fut celle du Book, typiquement anglicane, où le même livre est à la fois missel, portiforium, manuel, pontifical, et processionnal. Cet ouvrage fut appelé Book of Divine Worship, et ses principales inspirations sont les Books of Common Prayer américains de 1928 et 1979, ainsi que le Novus Ordo Missae. La Messe, tous les Sacrements, et l’office quotidien peuvent donc être célébrés dans l’usage Anglican du Rite Romain.


http://2.bp.blogspot.com/_oN5K_WcO5JM/SkQVvOyTzjI/AAAAAAAAAaU/wbxN-EXwXf4/s400/-32121.jpgLa Messe dans l'Anglican Use célébrée par Mgr. Di Nardo, Archevêque d'Houston


                Mais d’autres groupes que ce petit nombre d’Anglicans déjà Catholiques depuis 30 ans sont à l’origine de la Constitution Apostolique. C’est en effet pour accommoder de plus grand corps ecclésiaux constitués et permettre un mouvement plus large vers l’Église Catholique que l’on passe de la Provision Pastorale à Anglicanorum Coetibus.

Nous trouvons en premier lieu la Traditional Anglican Communion (ci-après « TAC »). Ce corps ecclésial est une Communion internationale selon des modalités similaires à la « Communion » Anglicane, c'est-à-dire composée d’ « Églises » nationales autonomes, et dirigée par un primat, qui cependant exerce une pleine juridiction et non un simple primat d’honneur. Il présente l’intérêt d’être la seule communauté ayant rompu la communion avec l’anglicanisme mainstream ayant un fort aspect international, et l’une des plus importantes en nombre de fidèles. Ses origines, matérialisées par sa succession apostolique (anglicane) sont américaines, et on la trouve aussi en Australie, au Canada, en Afrique du Sud et en Inde.

Une parenthèse s’impose pour comprendre l’origine de la TAC : c’est aux États-Unis qu’est né le phénomène des « Églises continuantes » (Continuing Churches, ou simplement Continuum), petites-« Églises » de tradition Anglicane « continuant » à être Anglicanes, les « Églises » historique ne l’étant plus dans leur vision par leurs innovations. Revenons en arrière : Face à la déréliction dans laquelle l’ « Église » Épiscopale des États-Unis était tombée dès les années 70, un congrès de laïcs et d’ecclésiastiques se réunit à St. Louis (Missouri) en 1977 avec pour but principal de protester contre l’ordination de femmes et les changements apportés à la liturgie de 1928. Mais les évènements prirent une autre tournure : un « Évêque » retraité, le Très Révérend Albert Chambers consacra là plusieurs « Évêques » qui formèrent une « Église » schismatique. Ce nouveau corps ne tarda pas à se désintégrer en myriades de petits groupes, principalement à cause de la grande fracture Anglo-Catholics/Evangelicals, et également à cause des haines personnelles. Il y en a aujourd’hui plus d’une cinquantaine, qui se donnent des noms-acronymes comme PCTK, ACC, EMC, UEC, ACNA… le trait d’humour étant de les appeler en conséquence « églises de la soupe aux pâtes alphabet » !

La Traditional Anglican Communion quant à elle nait en 1991, en tant qu’émanation de l’Anglican Church of America, née la même année de l’union de deux précédentes « Églises » continuantes.

La spécificité la plus remarquable de la TAC est son désir de communion avec l’Église Catholique, les mentalités dans le Continuum Anglican étant plutôt portées vers l’atomisation. On le doit très probablement à ses deux premiers primats (et seuls pour l’instants), le très Révérend Louis Falk, fondateur, et l’actuel primat le très Révérend John Hepworth. Ces deux hommes ont su porter un projet cohérent de réunion en tant que corps constitué, convaincre leurs ouailles et se rendre crédible aux yeux du Vatican au point d’être à l’origine de l’acte législatif du Pape. Le premier contact eut lieu en 1991 avec Mgr. Pierre Duprey, président du Conseil Pontifical pour l’unité des Chrétiens qui leur donna en réponse au désir exprimé d’union avec l’Église le conseil de grossir en nombre de fidèles, de cultiver de bonnes relations au niveau local avec les communautés Catholiques, et de ne surtout pas se donner trop d’ « Évêques ». Les rapports, les rencontres, et les conseils continuèrent à s’échanger pendant les décennies suivantes. Puis, tout s’accéléra. Très concrètement, le 7 Octobre 2007, en l’église Sainte Agathe de Portsmouth en Angleterre, les 38 « Évêques » de la TAC réunis autour de leur primat signèrent solennellement sur l’autel le Catéchisme de l’Église Catholique, et envoyèrent au Cardinal Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi une lettre déclarant leur Foi Catholique et demandant à l’Église de prévoir un moyen pour eux d’entrer en communion avec Elle en groupe. La réponse à cette lettre fut, d’après le Cardinal Levada lui-même, la Constitution Apostolique Anglicanorum Coetibus.


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Les Evêques et vicaires généraux de la TAC à Portsmouth, à l'occasion de la signature solennelle par eux du Catéchisme de l'Eglise Catholique.


La TAC est certes le porte-drapeau de la corporative reunion, mais il ne faut pas oublier qu’il existe des Anglicans qui vont bénéficier d’Anglicanorum Coetibus qui n’ont ni rejoint l’Église il y a 30 ans, ni fait schisme de leur « Église » anglicane nationale pour former une petite Église. Il s’agit principalement de Forward in Faith, rassemblement des Anglo-Catholiques au sein des « Églises » nationales de la « Communion » Anglicane. On les trouve très principalement au sein de l’ « Église » d’Angleterre. Ils avaient tenu à y rester pour tenter de la sauver d’elle-même et de son adaptation aux idées du Monde qui n’a commencée qu’à la fin des années 80 ; et suite au synode qui décida de l’ordination des femmes en 1991 reçurent la particularité canonique d’avoir des « Évêques » rien qu’à eux (dits « volants »), non commis dans des cérémonies d’ordination de femmes et partageant leurs idées. Ce n’est pas pour cela qu’ils négligèrent les relations avec Rome, mais faisant toujours partie de l’ « Église » d’Angleterre ils étaient tenus à la discrétion. Il se dit maintenant que leur contribution a été d’une grande importance dans le processus. Et effectivement, on parle à mots couverts de ces voyages à Rome et à Vienne soi-disant « touristiques » que nombre d’ecclésiastiques de cette mouvance ont effectués. Leur principale spécificité est d’être tellement « romains » qu’un certain nombre d’entre eux utilisent depuis 1979 la forme ordinaire du rit Romain (auparavant ils utilisaient une traduction en anglais Renaissance de la Messe de Saint Pie V appelée English Missal) et sont parfois assez perplexes devant l’idée de la création d’un usage Anglican à ce rit Romain. Il faut citer la figure principale de l’ « Évêque » de Fulham le très Révérend John Broadhurst dans le mouvement. Il a annoncé son intention de rejoindre l’ordinariat Catholique pour les Anglicans d’Angleterre dès sa création et il a été suivi très récemment par 4 autres « Évêques », deux retraités et deux encore en poste jusqu’au 31 Décembre 2010 (Il s’agit des très Révérends Andrew Burnham, Keith Newton, Edwin Barnes et David Silk).

Il faut ajouter que la TAC et Forward in Faith se connaissent déjà bien. Appelés à constituer ensemble les ordinariats, ils sont déjà en communion sacramentelle grâce à un concordat, et, pour donner un exemple pratique, c’est le Très Révérend Robert Mercer de la TAC qui va célébrer l’année prochaine la Messe Chrismale de Forward in Faith Scotland.


http://blogs.telegraph.co.uk/news/files/2010/10/bishop-of-fulham_1007597c.jpgLe Très Révérend John Broadhurst, président de Forward in Faith International


Voilà les trois principaux groupes constitués intéressés par la Constitution Apostolique, un déjà Catholique, les deux autres non. Mais il faut savoir primo que Rome ne s’intéresse pas à ces groupes dans leurs spécificités mais ouvre ses portes à égalité à tous les Anglicans de bonne volonté, afin de former un Ordinariat unique sur le territoire d’une conférence épiscopale. Il en découle que, secundo, des paroisses n’appartenant à aucun de ces trois groupes sont susceptibles de joindre le mouvement, comme on a pu le voir avec une paroisse d’une autre « Église » du Continuum aux USA, ou une paroisse appartenant toujours sans particularité canonique aucune à la province nationale de la « Communion » Anglicane, comme cela est arrivé au Canada et aux USA. Tertio, le Malin étant perpétuellement à l’œuvre, la totalité des fidèles des deux derniers groupes évoqués n’entreront pas en communion avec l’Église, pour les raisons que nous allons voir.

 

III)                 Anglicanorum Coetibus, comment ?

 

En un mot, difficilement. En effet, beaucoup de monde, à commencer par le Malin, a intérêt à voir ce mouvement échouer.

En tout premier lieu, mais cet argument ne vaut que pour ceux dont l’enthousiasme pour la pleine communion est modéré, il est très difficile de quitter sa position souvent honorable, son généreux traitement d’ecclésiastique anglican, son presbytère, sa jolie église médiévale ou victorienne, alors qu’on a une famille avec enfants, pour quelque chose qui aujourd’hui n’existe pas encore (d’autant que les traitements moyens de Prêtre Catholique sont beaucoup plus faibles que ceux des ministres anglicans). Cependant cette raison n’est pas spécifique aux ordinariats, elle a toujours existée, et il existe des sociétés d’aide aux ministres du culte anglicans voulant sauter le pas comme la St. Barnabas Society au Royaume-Uni. Le plus dur pour eux est sans doute de se soumettre à l’ordination, car c’est reconnaitre l’invalidité du « sacrement » qu’ils avaient précédemment reçu. Cependant, l’Église ne se permet pas de juger de la qualité de leur ministère pendant toutes ces années, ni des grâces qu’il a occasionné. Il faut souligner le courage de ces « Évêques » mariés, qui savent pertinemment qu’ils vont perdre leur mitre en rejoignant l’Église Catholique.

En second lieu, la Constitution Apostolique existe parce que la Provision Pastorale de Jean-Paul II s’est avérée être un échec pour ce qui est des paroisses personnelles. Ce relatif échec est dû à plusieurs paramètres, le premier étant que les Évêques de l’époque, partisan du faux œcuménisme postulant que l’Église ne doit plus chercher à convertir les autres Chrétiens, et copinant avec leurs « collègues » anglicans/épiscopaliens ont presque tous systématiquement refusé la création de ce genre de paroisses personnelles, malgré de nombreuses demandes. Aux États-Unis, la plupart des demandes ont été bloquées, et en Angleterre toutes, malgré la conversion en masse d’une paroisse anglicane de Londres dans les années 90, qui a finit par être évincée de son église, et se fondre dans la masse du diocèse de Westminster.

Il faut aussi souligner qu’Anglicanorum Coetibus a jeté une lumière très crue sur les divisions internes, parfois insoupçonnées de ces mouvements conservateurs. En effet, dans un contexte  de déréliction générale, toute sorte de courants traditionnalistes ont pu trouver refuge dans ces corps ecclésiaux (qu’il s’agisse de Forward in Faith ou de la Traditionnal Anglican Communion). Face au geste du Saint-Père, des groupes, des personnes, qu’on croyait favorable à l’union se sont dédit, sans doute affolés par l’imminence d’une chose qu’ils ne croyaient être que lointaine, ou bien parce qu’ils n’y ont jamais été réellement favorable au fond de leur cœur. C’est ainsi qu’aux USA, 3 « Évêques » diocésains sur 5, bien qu’ayant demandé un moyen d’union en tant que corps et signé le Catéchisme à Portsmouth (cf. supra) ont appelé à plutôt se réunir avec d’autres « Églises » du Continuum Anglican et n’ont pas l’intention eux-mêmes de quitter leur charge. Au Royaume-Uni une « société des Saints Wilfrid et Hilda » a été montée par ceux qui veulent rester dans les structures de l’ « Église » d’Angleterre avec le soutient de la hiérarchie épiscopale. Il y a effectivement un certain nombre de départs d’individus des corps ecclésiaux cherchant la pleine communion.

Il faut donc soutenir dans la prière ces groupes recherchant l’union avec l’Église, mais comptant des membres indécis, et certain « Évêques » un peu errants dans leurs actes.

Voilà les raisons qui pourraient limiter le nombre de membres de ces nouveaux ordinariats, mais comptant sur le Saint-Esprit, et le réel désir de nombreux « Évêques », « prêtres » et laïcs de faire ce pas historique, et d’emmener dans leur mouvement le plus de fidèles possibles sur ce qu’ils savent être le chemin de la Vérité, on peut espérer de futurs ordinariats fidèles et florissants.

http://www.walsingham-church.org/OLW11.jpg

L'église Notre Dame de Walsingham à Houston, qui est une paroisse de l'Anglican Use.


                Il faut maintenant aborder les conditions pratiques de la réception en tant que corps des paroisses anglicanes dans l’Église. Le précédent de l’Anglican Use (plus exactement celui de la paroisse Our Lady of the Atonement et de son curé l’Abbé Christopher Philips en 1981) est à considérer comme étant le plus susceptible d’être appliqué. Il s’agissait premièrement de cours, d’homélies faites à sa communauté paroissiale par son curé, et par des intervenants Catholiques invités. Puis intervient un vote de l’assemblée sur l’union avec l’Église (les Anglicans, même traditionnalistes sont attachés au principe d’expression de la communauté paroissiale). S’il est positif, une période de prière intense commence, elle peut être plus ou moins longue.

C’est en pleine union avec l’épiscopat Catholique local que le mouvement se fait. Dans le cas de l’Abbé Philips, il s’agissait de l’Archevêque de San Antonio. L’interlocuteur des groupes concernés par Anglicanorum Coetibus est différent, puisqu’il s’agit de se faire connaitre à un seul Évêque liaison dans le pays, qui permet la communication avec la conférence épiscopale locale, et rend compte à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

La date de la réception en groupe est convenue, et le curé cesse un mois auparavant d’accomplir toute fonction cultuelle. Il fait à ce moment sa profession de Foi en présence de l’Évêque local. La paroisse passe ce mois en prière encore plus intense, mais sans aucune célébration eucharistique ni Catholique ni Anglicane. Les matines remplacent donc la Messe. À la fin de ce mois, le curé de la paroisse est ordonné Prêtre Catholique. Lors de la même cérémonie, ses fidèles font profession de Foi, Communion aux Saintes Espèces, et sont confirmés par l’Évêque local. L’Évêque local érige alors au plus tôt la paroisse personnelle.

Comme on le voit, c’est une procédure extrêmement rapide, ce qui prend du temps étant en fait le discernement de la nécessité d’entrer en pleine communion avec l’Église Catholique. Cela fait, les Sacrements et les procédures sont rapidement menés. Dans le cas de l’ordinariat anglican, il faudra sans doute remplacer « Évêque local » par « Ordinaire pour les Anglicans ».

Les seuls paramètres susceptibles de causer des retards et des déceptions sont principalement ceux des relations lors du départ avec la précédente confession des candidats à l’ordinariat. Dire à son « Évêque » qu’on s’apprête à le quitter avec une paroisse entière n’est facile pour aucun ministre du culte. De plus, l’ancienne confession peut se montrer vindicative et vengeresse.

 

IV)               Et après ?

 

Ici, on entre dans le domaine du mouvant, des projections. En effet, le plus grand secret est maintenu sur les négociations et ce que prépare la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Cependant, ce ne sont que les suppositions sérieuses de personnes concernées, participant au mouvement, et pertinentes qui sont ici exposés, et non pas les miennes propres.

La première question est de savoir où il y aura des ordinariats. On peut déjà dire avec assurance que l’Angleterre aura son ordinariat, alors qu’il y a quelques mois on pouvait craindre que les conversions y soient trop minimes pour le permettre. Avec cinq « Évêques » rejoignant l’Église, disposant de la capacité de se faire suivre par de nombreux ecclésiastiques et laïcs, la question ne se pose plus. Un Évêque Catholique, Mgr. Alan Hopes, auxiliaire de d’archidiocèse de Westminster et lui-même ex-ministre anglican est l’officier de liaison local entre la conférence épiscopale et les groupes concernés.

Si l’on reste en Europe, la question reste ouverte en Écosse, où peu de groupes se sont déclarés. L’Abbé Crosbie, chapelain d’un noble local (oui oui, car on est en monarchie là bas !) y mène le mouvement et soutient le projet d’un ordinariat séparé, même s’il est paré à l’éventualité d’une juridiction commune. L’Évêque-liaison pour l’Écosse est Mgr. Tartaglia, Évêque Catholique de Paisley. En Irlande, il n’y aura très vraisemblablement pas d’ordinariat, les Anglicans étant une toute petite minorité, et la fraction irlandaise de la TAC n’étant apparemment pas intéressée par Anglicanorum Coetibus.

Si nous regardons outremer, il est sûr que les États-Unis vont avoir un ordinariat, puisque c’est de là que le courant d’union avec l’Église a commencé il y a trente ans de cela, et que c’est le pays où le plus de communautés intéressées se sont manifestées à Mgr. Wuerl, Archevêque de Washington qui est la liaison locale. Ces communautés viennent de plus d’un très large spectre, allant de l’Anglican Use à la TAC (en majorité) aux autres « Églises » du Continuum Anglican, et même à l’ « Église » Épiscopale des USA, la dénomination Anglicane historique. Au Canada, quelques paroisses se sont déclarées, toutes membres de la TAC, sauf une qui ressort de l’ « Église » Anglicane du Canada, là encore la dénomination historique. C’est Mgr. Thomas Collins, Archevêque de Toronto qui fait la liaison avec Rome et l’épiscopat local. En Australie enfin, un ensemble comprenant deux juridictions locales de la TAC et le mouvement Forward in Faith Australia s’est fait connaitre à l’Évêque-liaison Mgr. Peter Elliot, auxiliaire de Melbourne et lui-même fils de « Prêtre » Anglican.

A propos des autres « Églises » nationales constituant la TAC (en Afrique, en Inde, au Pakistan, en Amérique latine, au Japon…), absolument rien n’est connu. A ma connaissance, ces corps ecclésiaux n’ont (encore ?) rien demandé, et aucun Évêque-liaison n’a été nommé en ces endroits.

En ce qui concerne les hommes appelés à être ordinaires, rien ne filtre du tout. Tout au plus puis-je rapporter quelques rumeurs anglaises concernant Mgr. Hopes (auxiliaire Catholique de Westminster autrefois Anglican). On a aussi parlé postérieurement à l’annonce de leur conversion les Very Reverends Keith Newton et Andrew Burnham, « Évêques » dits volants chargés des Anglo-Catholiques dans l’ « Église » d’Angleterre.

Si nous abordons le sujet liturgique, attention zone sensible. Il y a dans l’anglicanisme une diversité liturgique qui donne le tournis. Je ne prétends pas que par chez nous la Messe soit pareille entre toutes les paroisses de rit romain, mais au moins nous avons le même missel. Eux ont plusieurs livres liturgiques concurrents. Tout d’abord, le Novus Ordo Missae de Paul VI s’est fait une place au soleil chez les Anglo-Catholiques en Angleterre, c’est une de leurs particularités marquantes. Cependant subsiste encore dans leurs vertes montagnes, leurs plaisants pâturages et leurs collines nuageuses  (*) d’autres formes, comme bien sûr le Book of Common Prayer sous différentes formes (de la renaissance à la dernière édition de 2006 appelé Common Worship) et l’English Missal, traduction en anglais élisabéthain de la Messe de Saint Pie V. En Amérique, l’attachement aux Books of Common Prayer nationaux élaborés dans les années 1920 reste fort dans les corps ecclésiaux cherchant l’union avec Rome, et c’est d’ailleurs à partir des Books of Common Prayer états-unien de 1928 et 1979 qu’a été élaboré le très Catholique Anglican Use. Il faut remarquer que la Constitution Apostolique laisse une certaine latitude à l’ordinariat, permettant à ses Prêtres de célébrer dans les deux formes du rit Romain, ou dans l’usage Anglican de ce même rit, qui reste à définir. Il est fort probable que le Book of Divine Worship sera révisé par un comité ad hoc pour s’adapter à un contexte international et non plus seulement américain.

Enfin il faut parler de bâtiments. Si certaines paroisses, notamment de la TAC possèdent leurs églises, ce n’est pas le cas de toutes les communautés. Celles qui proviendront des « Églises » Anglicanes nationales historiques devront se battre pour conserver leur bâtiment qui ne leur appartient pas. Il est probable qu’au Royaume-Uni elles parviennent à des accords locaux de partage des églises, de par la relative bonne volonté de l’ « Archevêque » de Cantorbéry, et l’action des Évêques Catholiques s’entendant bien avec leurs « confrères » Anglicans. Mais on a tout à craindre de l’ « Église » Épiscopale des USA, gouvernée par Mme Jefferts-Schori, une « archevêquesse » ultra-progressiste qui est une vraie furie et manie l’excommunication, la réduction à l’état laïc et les poursuites devant les juridictions civiles comme jamais pire Pape à l’époque noire de l’Église n’a imaginé oser le faire. Elle préfère gagner la propriété du bâtiment en justice, puis le détruire ou le vendre que de laisser des gens qui contestent ses orientations le conserver ! D’autres communautés n’ont pas de bâtiment du tout et se réunissent en des maisons privées ou louent des temples protestants. Il faudra donc prévoir, comme c’est déjà le cas pour certains groupes appartenant à l’Anglican Use, un accueil et des créneaux horaires dans des églises Catholiques pour la liturgie Anglicane unie à Rome. Et c’est pour bientôt, puisque selon la croyance répandue, les premiers ordinariats seront érigés entre Noël et la Pentecôte.

Un dernier mot sur le nombre de paroisses et de fidèles attendus dans les ordinariats. C’est une véritable inconnue, laissée à la Grâce de Dieu, mais nous pouvons pronostiquer que les groupes se déclarant cette année seront des pionniers suivis par d’autre, attirés par la pleine communion avec l’Église du Christ et de toute façon chassés par le latitudarianisme ou les divisions dans leur actuelle confession.  De même, au niveau local, l’extraordinaire réussite des paroisses de l’Anglican Use là où on les a laissées exister nous permet d’entrevoir dans l’avenir des ordinariats petits mais dynamiques et florissants. Un troisième aspect capital sera celui sans doute aucun de ceux que les anglo-saxons appellent « church planting », littéralement « plantation d’églises », c'est-à-dire évangélisation et établissement de nouvelles communautés partout où cela est possible.


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La croix de Cantorbéry, emblème des Anglicans réunis à Rome.

 

 

Il me semble avoir fait grosso modo le tour de la question par ces lignes issues de mon grand intérêt pour les communautés ecclésiales issues de la Réforme. Encore une fois, ce mouvement de réintégration en tant que tel d’un corps que nous considérons comme protestant est une grande nouveauté, et peut être auront nous, mais j’extrapole ici, la joie de voir un jour les groupes traditionnalistes luthériens, dont certains sont très proches de nous (Ex. L’ « Église » Catholique Nordique), entrer en pleine communion avec l’Église. Cependant gardons les pieds sur terre : ce mouvement capital doctrinalement et dans un perspective œcuménique aura un impact limité sur la vie de l’Église. Certes, ces Anglicans nous apportent un patrimoine perdu et une tradition liturgique digne d’éloge, mais leur nombre est tout petit opposé à celui des Catholiques anglais ou américains, à celui du milliard de Catholique, ou encore aux 10% de Catholiques de rite oriental. Quant à nous, notre principale aide à ce mouvement est sans doute aucun de le connaitre un peu (tout comme nous devrions pouvoir énumérer nos Églises Orientales) et de prier pour eux.

Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous.

 

Addendum en date du 16 Janvier 2011: le premier ordinariat a été érigé hier au Royaume uni, voir ici.

 

Ressources documentaires :

 

Anglicanorum Coetibus

Normes Complémentaires

Anglican Use

The Book of Divine Worship

Traditionnal Anglican Communion

     - Aux Etats-Unis

     - En Australie

     - Au Canada

     - En Inde

     - En Angleterre

Forward in Faith

The Anglo-Catholic

Friends of the Ordinariate

 

http://lh3.ggpht.com/_YtYKuDvkXWU/S3RSafUtUkI/AAAAAAAAAlQ/8lBCjtTmkZA/s1024/AD-Evangelist2.jpg

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 01:58

Voici le texte d’un Prêtre américain racontant sa première expérience de Messe ad orientem. Il a aimé, mais comme vous allez le voir, le ton est assez désabusé.

http://img165.imageshack.us/img165/8729/priestscommunionillustrup4.jpg

Par l’Abbé Richard Simon, curé de la Paroisse St. Lambert de Skokie, Illinois, USA

Traduction Louis Marie.

 

Dimanche dernier, en clôture d’une conférence sur les Pères de l’Église, j’ai dit la Messe, le Novus Ordo, en anglais. Il n’y avait aucune différence avec les autres Messes Novus Ordo, exceptée une.

A partir de l’offertoire, pendant le Canon et jusqu’au Notre Père inclus, j’étais face à l’Autel et non face à l’assemblée. Au début de la Messe, j’ai célébré le rit d’ouverture de la célébration depuis la banquette, où je suis resté pendant les lectures. Après le Credo et la prière universelle, je suis allé recevoir les offrandes de pain et de vin, puis je suis monté à l’Autel sans tourner autour. Le diacre et moi-même nous nous sommes tournés vers l’assemblée : « Prions… ». Je me suis encore retourné vers elle lors du signe de paix et à « Seigneur je ne suis pas digne… ». Après avoir distribuée la Sainte Communion, je suis retourné à la banquette et la Messe s’est terminée comme à l’habitude. La musique était très simple, il s’agissait surtout de plain-chant en anglais, et de l’ordinaire en latin. Les lectures et toutes les prières étaient en anglais.

J’avais prévenu la communauté que je ne ferais cela qu’une seule fois, en  raison de la conférence que nous recevions dans la paroisse. Je n’étais pas tourné vers l’assemblée environ 15 minutes sur une heure.

Si je l’ai fait, c’était pour l’expérience. Je pense que les Pères du Concile Vatican II n’avaient jamais envisagé la Messe face au peuple, et donc je voulais voir ce que la Messe de Vatican II était vraiment, avec du latin, de l’anglais, du chant grégorien, du plain-chant vernaculaire, et une alternance entre le versus populum lorsqu’on s’adresse à l’assemblée, et l’ad orientem lorsqu’on s’adresse à Dieu. Il me semble que les rubriques du Missel demandent cela lorsqu’elles indiquent que le Prêtre doit faire face au peuple six fois pendant la Messe (présentation générale du Missel Romain) :

1)      Lors du rit d’ouverture de la célébration

2)      En invitant à la prière après l’offertoire : « Prions… »

3)      En donnant le geste de paix

4)      En élevant l’Hostie et le Calice à « Voici l’Agneau de Dieu… »

5)      En invitant à la Prière juste avant la postcommunion

6)      En bénissant à la fin de la Messe

Le simple fait que ces rubriques existent nous pousse à croire que le Prêtre doit cesser de faire face au peuple à certains moments dans la liturgie.

http://blog.adw.org/wp-content/uploads/2009/05/elevation-of-host.jpg

Après la Messe, les commentaires étaient variés. Certaines personnes avaient aimé, la  plupart non, quelques uns étaient furieux. L’une de mes ouailles me chapitra sévèrement l’index pointé vers mon visage, soutenant que « le Pape a ordonné à tous les Prêtres de dire la Messe face au peuple ! ». Comment pourrait-il prouver quelque chose qui n’a jamais eu lieu ? Rome ne s’est jamais exprimée sur l’obligation de faire face à l’assemblée. On ne doit le faire que six fois pendant la Messe. C’est d’ailleurs l’un des grands mystères de notre temps que la raison pour laquelle la plupart des Autels dans les églises Catholiques ont été retournés.

Pour les partisans de la Messe versus populum, comme Balthasar Fischer, les premiers Chrétiens auraient célébré la Messe le Prêtre faisant face aux fidèles. Pour le dictionnaire d’Oxford des Églises Chrétiennes, la coutume de faire face à l’Autel serait apparue entre le VII et le VIIIe S. au sein du clergé Franc. J’aimerais savoir pourquoi les auteurs ont écrit cela.

Pour deux raisons, je doute fortement que la Messe n’ait jamais été célébrée entièrement tournée vers les fidèles.

Faire face à l’Est, ce qui généralement signifie ne pas faire face au peuple, est la posture unanime dans les Liturgies des traditions Byzantine, Syriaque, Copte, Éthiopienne… Cela est toujours la coutume dans les Liturgies des Églises Orientales, au moins lors du Canon. Elles célèbrent comme cela depuis des temps immémoriaux, et encore de même aujourd’hui. Elles n’auraient jamais décidé de  changer leur tradition pour s’accorder avec des barbares Francs d’Occident, 700 ans après le Christ. On peut donc dire que cette coutume de se tourner, clergé comme assemblée, dans la même direction dans la prière était la norme universelle avant 1967.

De plus, les premiers Chrétiens auraient encore été culturellement Juifs pendant au moins 100 ans après le Christ, en tout cas selon le sociologue Rodney Stark. S’orienter vers une direction sacrée, et non vers les fidèles était normal lors des cérémonies dans les synagogues, à partir desquelles la Messe s’est construite. Les Juifs Orthodoxes se tournent encore aujourd’hui vers l’Est, plus précisément vers Jérusalem pendant la plus grande partie du service religieux. C’est une position naturelle.

http://www.reinodavirgem.com.br/assets/images/missatridentina2.jpgCependant,  j’aurais préféré ne pas avoir célébré la Messe ad orientem, mais pas du tout en raison de la colère de certain fidèles (étant Prêtre Catholique, je suis habitué à l’hostilité des gens envers moi). J’aurais préféré ne pas avoir dit la Messe dans la posture que je pense être celle prescrite par les Pères du Concile Vatican II, parce que cela a été une des plus belles expériences de ma vie sacerdotale. Personne ne peut imaginer ce que c’est que de dire « nous », et « notre Père » en se tenant à la tête d’un assemblée toute entière tournée vers la même direction, dans une expression physique d’unité. Malgré tout ce qui est dit sur le sujet, il est impossible de dire « nous » en regardant 500 personnes sans leur parler, à elles.

La Messe est une louange divine adressée à Dieu, et malgré toutes nos bonnes intentions, nous autres ecclésiastique nous nous adressons à ceux que nous regardons. On ne peut rien y faire, le visage humain est  une chose trop attirante. Et c’est seulement Dimanche dernier que j’ai réalisé à quel point je faisais partie d’une famille dans la foi, d’une Église en prière. Je n’avais en effet jamais réalisé auparavant à quel point c’était être esseulé que de dire la Messe face au peuple : « Je suis là haut, je vous regarde, je ne fais pas partie de vous ». Et là, soudain, pour un quart d’heure, « vous ne me regardiez plus. Nous regardions ensemble Dieu ».

 

J’aime la Messe Tridentine, aussi appelée maintenant Forme Extraordinaire. Le Saint-Père a fait preuve d’une grande sagesse en lui permettant de revivre pour ceux à qui elle tient à cœur. Son magnifique sens de la solennité renferme une dimension essentielle du Mystère de la louange divine. Ayant enseigné le latin durant 25 ans, je comprends parfaitement ses rubriques complexes, qui me sont très parlantes. Pourtant,  je ne pense pas que nous devrions retourner à l’usage exclusif du latin : les Pères Conciliaires ont eu raison de simplifier la Messe.

Le Saint Esprit anticipant les difficultés des temps présent, la simplification du rituel complexe de la Messe Tridentine est parfaitement appropriée à notre époque. Dans la même optique, il doit y avoir un équilibre entre la langue commune et la langue sacrée : les gens prient tout d’abord dans leur propre langage, et il faut se souvenir que le latin était le vernaculaire quand la Messe était en grec.

Cela dit, nous autres ecclésiastiques devrions admettre que nous avons fait s’encroûter les abus liturgiques, un des principaux éléments de la rébellion contre la Tradition. Nous sommes restés coincés dans les années 60 et sommes incapable de contempler sans préjugés l’hémorragie de nos communautés. Nous avons totalement échoué à leur inspirer le sens du sacré et du sublime, ce qui fait qu’une génération entière a été perdue à Dieu.

 

Je sais très bien que la plupart des membres de ma paroisse seraient énervés si je commençais à célébrer en direction de l’Autel régulièrement, tout simplement parce qu’ils n’y sont pas habitués. Je serais accusé de faire partie d’une faction traditionaliste ou d’un autre crime du même type.  Désormais, à chaque fois que je dirais la Messe en fixant les fidèles, et qu’eux me fixeront en entendant la Messe, je penserai à ce qu’aurait du, ce qu’aurait pu être la Messe. Je crains fort d’être autant un acteur qu’un Prêtre. Je préférerais n’être qu’un Prêtre, mais le spectacle doit continuer (the show must go on).

 

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 21:39

N'est-ce pas ce qu'est cette belle et évocatrice photo? Il s'agit du confessional d'une église de Riga (Lettonie).

 

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